vendredi 2 octobre 2015

Le reflet des miroirs

Des vagues d'existence, qui sont la chair des sentiments et le sentiment de la chair, m'assaillent de toutes parts. J'existe ces moments dans le silence de ma contemplation, mais, certaines fois, je me prête au rituel désormais familier d'écrire, tentative dérisoire et sublime d'imprimer sur le voile du monde la trace de ce qui n'est qu'en moi.

Aveugles à nos lumières réceptives, nous nous lisons pourtant les uns les autres, feignant de croire que nous accédons ainsi au sanctuaire indispensable d'une altérité que l'on peut reconnaître. Ce n'est jamais que nous-même que nous lisons ainsi, mais c'est par le reflet que l'autre nous renvoie, par le miroir disposé là par ses soins et dont nous nous saisissons.

Les mots des autres ne sont rien qu'une surface lisse réfléchissant les formes que nous y projetons.

Lorsque nous ne savons sortir de nous-même, l'autre, et la croyance qu'on y accède véritablement, devient le placebo nécessaire à la métamorphose qui saura réunir en une forme nouvelle les dualités d'hier.

Peut-être cependant, dans la teinte du reflet renvoyé, dans la forme du miroir, et jusque dans ses ornements, pouvons-nous imaginer la volonté d'où il a pu émerger, déceler la trace de l'autre et cette manière bien à lui de disposer le réel impersonnel pour s'y faire un foyer (inhabitable pourtant et pour toujours inhabité).

Ainsi, ces moments d'existence dont je vous parle, vous ne les vivrez jamais que par le prisme de vos sensations propres, mais, nous nous serons aperçus, et nous savons (ou croyons le faire), par notre sillage respectif, que d'autres mondes existent au sein desquels un autre monarque solitaire règne, prisonnier lui aussi de ses propres lois.

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