jeudi 8 octobre 2015

Le réel qui déteint

Les oeuvres d'art, lorsque je les savoure avec lenteur, durent des jours et des mois, sont pareilles aux saisons; elles m'affectent et colorent mes sensations et sentiments, mais surtout, le sentiment même de la conscience que j'ai de tout cela. Les oeuvres accompagnent mon destin, et nul ne saurait comprendre une époque de ma vie sans savoir ce que je lis, contemple et écoute.

Sans le timbre de ma conscience, qui lie entre eux mes sensations et sentiments, tout cela ne serait qu'un mille-feuille qui s'ignore, déstructuré et sans unité car composé de couches éparses et absolues, entre lesquelles nulle relation ne pourrait être, et ainsi nul monde apparaître.

Mon esprit est ce lac ou cet océan parcouru par les ondes que provoque le réel qui me touche. Mon moi ce golem aquatique qui se dresse au milieu, interface sensible entre une source indéterminée et la métamorphose mélodique des qualités que je vis.

Les oeuvres et les saisons sont les  marées de mon âme, la houle de mes sentiments qui forme toutes ces vagues expressives qui viennent se briser sur l’écueil des mots.

Il n'y a que dans l'autre vie, silencieuse et de mouvements qui ne cherchent  point à transcrire leur propre vérité, que je puisse me reposer de la vaine agitation d'exister, et surtout de son ombre angoissante qu'est la conscience.

Peut-être, un jour, écrire deviendra pour moi ce mouvement à l'évidente spontanéité, où s'imprimera en courbes enlacées le souffle diapré de mon âme.

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