dimanche 21 juin 2015

Le dévoilement d'un rêve

Cela fait maintenant longtemps déjà (et dieu sait qu'un seul instant peut être long) que je porte un moi une façon d'être et de comprendre le monde où je vis. Cela fait quelque temps que je demeure incapable d'écrire une philosophie, parce que cette manière d'écrire me semble une perte de temps dénuée de beauté. Je ne consens à écrire que pour la beauté partagée, voilà tout. Peu à peu je comprends quelque chose dans ce refus presque viscéral qu'est le mien: plutôt que d'écrire une sorte de recette disgracieuse de l'ajustement des éléments du monde que je suis (dans cette synthèse qui m'est propre), je préfère peindre un monde possible à travers les quelques principes et formes qui constituent pour moi les forces de liaison de l'univers actuel. Je me prépare, peu à peu et dans une procrastination tenace, à réaliser un embranchement concurrent de l'histoire qui se joue, à peindre le monde tel qu'il serait s'il empruntait la direction que je lui prête dans mon rêve. Je veux ce monde aussi riche et indéfini que l'actuel, je veux qu'il soit possible de s'y perdre définitivement, et m'y envelopper comme en un linceul musical, battant une pulsation inchoative qui serait celle de mon logos, c'est à dire celle des forces qui sont miennes et qui concentrent le monde tel qu'il m'apparaît, dans son unité - et qu'on ne me dise pas que cela contredit le caractère multiple et indéterminé que je prête au phantasme du réel, puisque qu'est le multiple et l'indéterminé si ce n'est une forme d'unification idéale de la série indéfinie des possibles?

Je polis, lentement, dans mon royaume imaginaire, l'histoire d'un monde tel que pourrait devenir le nôtre dans les années et les millénaires à venir. Peut-être, une fois n'est pas coutume, n'écrirais-je jamais ce voyage potentiel du monde, peut-être me satisferais-je, une fois n'est pas coutume, de la possibilité même, riche et inaltérable, de le faire. Après tout, je vis déjà dans ce possible, je m'y rends quand cela me chante, comme en un lieu réel auquel je serais le seul à pouvoir accéder. Mais j'ai trop longtemps été égoïste et quelque chose en moi souhaite partager ce rêve avec vous. J'espère seulement que les formes qui sont miennes et qui donnent au monde la possibilité de s'incarner ne seront pas trop éloignées des vôtres, j'espère que mon solfège partagera suffisamment de points communs avec le vôtre, pour que véritablement, quelque chose soit transvasé, d'une âme à une autre. Et si tel est le cas, mais personne jamais ne pourra le savoir, alors on pourra dire que ce quelque chose appartenait vraiment au réel.

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