dimanche 14 juin 2015

Demain je resterai ici

Où es-tu maintenant, que mes pensées acceptent la solitude de leur chemin, que tout ce qui prétend être objectif avance devant moi démasqué, pauvre subjectivité non assumée et refoulée?

Où es-tu maintenant que je ne suis plus philosophe, pour la simple et bonne raison que ce que cherchent ces gens là ne se trouve nulle autre part que dans l'immanence de leur quête? Aucun chemin ne mène nulle part, ils sont leur propre vérité, confondant en leur sillon tout départ et toute arrivée forcément arbitraire.

Où es-tu maintenant qu'aucun attribut ne peut être accolé à l'être que je suis; maintenant que je n'ai plus d'autre espace pour ma volonté que le chantier sans fin de mon âme indomptée?

Où es-tu en ce moment, dans quels draps, contre quelle peau, tandis que j'empaquète mon destin dans le fond de la mienne, m'apprếtant à sillonner mon chemin humblement, sans faire de vagues, comme une ombre qui s'accepte?

Où es-tu toi?

Moi, comme à mon habitude, j'épouse le mouvement, je sais que nous vivons sans réponses. Comme ils font mal aux autres tous ces chercheurs sérieux qui traquent leur vérité pour la brandir aux yeux de tous, y accoler leur nom, devenir des auteurs retenus par l'histoire... Qui peut leur dire qu'il n'y a pas de vérité? Aucun, de toute façon, ne daignerait l'entendre, encore moins l'accepter.

Mais je te parle de ça, toi tu as compris depuis longtemps déjà... Tu sais je suis un peu lourdaud, pachyderme de la pensée, j'ai le pas lent mais sûr et ma raison me trompe rarement. Pourtant, elle ne m'a pas servi à mieux vivre que toi, tu as eu, bien souvent, quelques années d'avance sur moi...

Et où es-tu aujourd'hui?

Demain je resterai ici, dans ce lieu si lointain et si proche à la fois. Il est trop tard pour moi, trop d'interactions avec le noyau de ton être, je me suis intriqué définitivement...

Où es-tu?

Moi, je reste ici, et demeurerai là, dans tous les vents qui portent tes cheveux, dans la dépouille de ces textes, dans quelque mouvement de mon corps, dans telle mélodie, et peut-être, qui sait, dans quelque image de moi que tu conserves en toi.

Aucun commentaire: