lundi 18 juin 2012

Terminus

"L'homme ne perçoit que les écarts entre les choses. Ils sont la cause du temps."

Ne pas écrire, c'est un peu ne pas respirer.
On étouffe, l'atmosphère se fait oppressante, on attend quelque chose et ce qu'on attend c'est nous-même; nous-même qui ne venons pas...
On compte le temps, on se dit qu'il y en a trop de perdu dans cette vie là alors qu'on sait - le sait-on? - que c'est la seule que l'on aura.
Chaque seconde qui passe est vue comme un compte à rebours, on s'imagine la fin toute proche, on la voit partout justement parce qu'on ne peut pas la voir.
On attend...
Rien n'arrive.
On angoisse...
Rien non plus.
L'heure tourne et la pression monte de plus en plus mais rien d'autre ne se passe.
Le cerveau tourne à mille à l'heure dans son univers de fenêtres mais tous les volets sont clos, rien ne filtre vers la conscience.
On est seul face au temps qui passe et qui nous mange un peu plus.

Dans ces moments là, parfois, quand j'ai suffisamment de sagesse, - de la sagesse? Ou bien de la résignation? Ou bien la peur parce que c'est sa propre mort que l'on contemple? - je me dis que tout le temps à attendre quelque chose de soi est probablement du temps perdu... N'est-ce pas d'ailleurs le seul temps que l'on perd?

Et comme par enchantement, les volets s'ouvrent enfin, dehors c'est la nuit, - car c'est souvent la nuit chez moi - sous l'éther, les pensées prennent ma main, et les mots trouvent leur chemin vers la réalité.

On se relâche un peu, après s'être laissé porté, on redevient ce vide ambulant qui cherche à se nourrir de tout. On a vaincu l'angoisse et la mort le temps d'un arrêt de bus, d'un bouquet de pensées.

Et c'est son propre coeur que l'on voit s'effacer, et c'est son propre coeur qu'il faudra dessiner encore et encore, jusqu'à la mort, où le train des idées ne s'arrête plus pour nous, parce qu'on est au terminus, pas celui des idées, mais celui de nous-même, notre fin à nous.

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