mercredi 13 juin 2012

Le soleil et le ciel


13/06/2012


"Ne nions-nous pas quelquefois le soleil et et le ciel uniquement parce qu'il y a longtemps que nous ne les avons pas vus?"
Friedrich Nietzsche

Je crois qu'une part de moi est enfermée à jamais dans les rires des jeunes. Dans leurs sourires comme leurs colères. J'ai retrouvé ça, enfin, au milieu du racisme, au milieu de l'inculture et du désintéressement, j'ai retrouvé la douceur. Paysans ou enfants des banlieues, d'un univers ou d'un autre, peu importe, j'ai ré-appris à aimer avenir et présent à travers leur présence, je me suis réconcilié avec mes actes. Je ne peux m'empêcher d'être attaché à eux, d'ailleurs je n'ai pas voulu l'empêcher. Oh je sais mes satisfactions sont égoïstes puisque je trouve un certain réconfort dans l'idée que certains emporteront de moi une image. J'emporterai moi aussi des images par centaines de ces identités qui se peignent sur le monde. J'emporterai des noms et des visages, puis les noms disparaîtront et bientôt avec eux les visages. Il restera le bonheur d'avoir vécu un fragment d'existence à leur côté. Que puis-je vous dire, j'aime la jeunesse plus que tout, elle est une des sources de vie les plus intarissables pour moi. Je ne saurais dire pourquoi mais qui s'en soucie au fond? Ce que je trouve en eux? Des morceaux de moi-même? Des plaisirs que je n'ai su voir lorsque j'étais à leur place? La nécessité d'aimer les hommes parce qu'ils deviennent ce qu'on éprouve à leur égard? Peut-être cette dernière raison l'emporte-t-elle sur tout le reste. Peut-être pas...

Ils m'ont fait vivre, certainement l'ignorent-ils. Moi qui était comme mort, ils ont agité ma carcasse en y jetant un peu de cette poudre bien à eux, la musique de la jeunesse. Par mon regard, je leur rend hommage en jetant sur eux le voile de la poésie. Je les verrai toujours ainsi; pris ensemble ou séparément: des poèmes par centaines. C'est à travers leurs yeux que j'arrive un peu à m'aimer aujourd'hui.

Je ne sais si un jour je saurai ou voudrait séparer mon destin de leurs trajectoires. Le vouloir c'est possible, je l'ai déjà fait et cela arrivera encore, probablement... Mais le saurais-je? Au fond eux c'est un peu moi aussi. Je pourrais décider que j'ai trouvé demeure, pour un temps, pour une tranche de vie, parmi leur bouillonnement. Cette pensée parfois me galvanise, me couvre de frisson, m'insuffle du courage. Et s'il me fallait vivre parmi eux? Moi qui ai toujours cru - encore et toujours des croyances - que j'étais la seule personne à détenir mon identité. C'est sans doute vrai, tout comme le fait qu'ils sont une réponse possible à cette question du 'je'. C'est moi qui met les paroles "deviens ce que tu es" mais ce sont eux qui chantent l'air.

Je n'ai pas fini de le dire, merci, merci encore. Pour ces années qui sont ma vie.

Et pour toutes ces raisons: éducation, EDUCATION!

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