jeudi 6 décembre 2018

Où pissent les clochards célestes



C'est sûr, je suis bien là pour ça, tracer des chemins dans les vents incertains, et voir l'armée de mort l'arme à la main, trotter au pas des rythmes militaires.

Allez-y, partez, faites flotter vos drapeaux, tandis que moi je squatte l'atmosphère, d'où nul ne peut me déloger. Certains essayeront bien, mais j'ai fais de nos cieux mes draps, alors tirez, tirez! Le vent me bordera...

J'en ai fini de pleurer, tant de mes larmes ont abreuvées, la si grande forêt, où je me perds aujourd'hui, où même dans l'ombre tu luis. Je quête sous la frondaison le rayon de rosée, où brille incandescent l'essence de ton amour, sur l'ourlet de tes lèvres pour moi seul exposées. Je suis l'amoureux des ruines, qui couche avec les morts et garde le sourire. Je suis le loup des plaines solitaire, qui hurle sa complainte aux confins de l'éther. Et personne n'écoute le chant du vieux mâle, qui mord dans les étoiles et veut dresser le mat, pour hisser la grand voile qui mène vers nulle part.

Je suis l'ectoplasme des limbes, qui traîne informe sa carlingue, métamorphe un peu dingue dissous dans le brouillard, en particules élémentaires et concepts abstraits.

Le monde est une palinodie, un clignement le voilà parodie, le réel une idée, un  truc idiot que j'aurais dit, dans un de ces songes insensés, au cours d'une nuit noire de réelle insomnie. Et je rêvais de monstres, d'ogres et de placards, qu'il me fallait bien enfermer, enclore quelque part, avec les bonheurs défunts et le vertige des soirs.

À l'abordage, de rien, de tout, des galaxies sans teint, des instruments sans voix, de ton absence là, des voies à ne pas emprunter. Ce soir je marche sur les crêtes invisibles, qui relient le diffus des cieux, aux branches courbes de la voie lactée. Taxi! Sur le bout du bras de cette danseuse antique! Ce soir je veux marcher sur l'eau, et boire l'air impur que des bipèdes altèrent. Je veux être saoul de pollutions nocturnes, sortir ivre de mastroquets perdus, me battre avec la meute des désespérés, et apprendre des fous à contracter le temps.

Ce soir je m'en vais traverser la fin, en fast forward, j'irai découvrir la face cachée, où se jettent les chants inachevées, et les épaves de vies. Ce soir je n'ai pas d'âme, je suis locataire de l'Esprit, j'avance à cloche pied et prend les raccourcis. Ce soir je tire le rideau, sur ma conscience et son radeau, je dormirai dans un cyclone et trouverai un toit clément sous une pluie de météores.

Ce soir, comme un dieu dément, je clos le cercle des tourments, replie sur moi le firmament, défait l'alphabet de mes gènes et baisse le rideau de fer où pissent les clochards célestes.

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