mercredi 7 mars 2018

D'où vient l'évidence?

Il est tellement complexe d'analyser l'évident qu'on préfère englober cette complexité sous l'unité simplificatrice de l'évidence. Ce qui est évident est une brique de base, un atome cognitif fondamental. Mais une telle chose existe-t-elle? N'accède-t-elle pas à ce statut parce que nous choisissons précisément de ne pas fournir l'effort nécessaire à son analyse? Si nous entreprenions ce travail, à quels résultats pourrions-nous parvenir? Quel degré de décomposition sceptique pourrait-on atteindre? Pensée vertigineuse.

Dans le syllogisme: Socrate est un homme, tous les hommes sont mortels donc Socrate est mortel, quels abîmes se cachent sous l'apparente simplicité? Et cette évidence qui par un lien de transitivité lie les prémisses à la conclusion, d'où vient-elle? D'où tirons-nous son critère de vérité?

La meilleure explication est: dans la sensibilité, dans l'intuition spatiale qui nous fait entrevoir la surface où celles formées par les deux prémisses se chevauchent (la conclusion). Mais est-ce que tous les syllogismes peuvent être représentés sous forme d'intuition spatiale? L'évidence est-elle seulement une histoire d'inclusion-exclusion? Le raisonnement un calcul sur des ensembles?

2 commentaires:

bizak a dit…

C'est évident que l'évidence naisse d'un raisonnement mathématique, lui-même déduit du point de vue d'une logique toute arrêtée, toute faite qu'une société considère comme une vérité absolue. Il est évident que mon raisonnement n'est pas tout à fait évident, mais comme le dit Denis Guedj, un écrivain français féru des mathématiques: “Il arrive parfois que ce soit en tirant les conséquences des évidences les plus évidentes que l’on découvre les vérités les moins évidentes.”
Bien à vous

L'âme en chantier a dit…

Ha génial! J'adore ce commentaire, merci beaucoup pour ce retour intéressant et drôle.