lundi 10 octobre 2016

La haine

Parfois, j'ai envie d'envoyer chier tout le monde, du petit barbu que tu embrassais, à ton joli minois qui le mériterait. J'aimerais briser les doigts de cet employé de pôle emploi qui attrape son quadrillage et le presse sur moi afin que je m'intègre aux cases, quitte à déchirer chaque morceau de moi. Je rêve de réduire en capilotade des flics carapacés, hérissés de matraques, de faire voler en éclats leurs casques fragiles comme la paix qu'ils encagent. J'ai des absences, je parle à la société, aux journalistes dans les télés, je leur lève un majeur tout en leur disant d'aller se faire enculer. J'emmerde de manière totale tous ceux qui avec leurs bons sentiments voudraient me voir sur leurs rails, un personnage docile pour animer leurs rêves. Une part de moi dit à mes amis d'aller vider ailleurs leur consolation collante et malodorante, qu'ils me laissent partir me noyer dans l'océan nocturne, disparaître dans ma fureur. J'ai attrapé toutes mes pensées et je leur ai tordu le cou, j'ai disloqué les membres de tous mes sentiments, j'ai tourné le dos à toutes les morales en les conchiant allègrement. Peut-être qu'un dimanche, j'irai casser des urnes de vote et puis toutes les gueules outrées qui me traiteront d'irresponsable. J'irai aussi à l'intérieur de leur âme pour saccager leurs convictions et laisser la lueur nue de leur existence dépouillée face aux confins du vide, bien en face du réel indéterminé. Je prendrai des rendez-vous chez tous les psy-quelque chose de la planète et je manipulerai si bien leur esprit configuré, que je piraterai leur conscience et prendrai le contrôle de leur volonté. Je parlerai aux scientifiques et tous les dogmatiques de tous poils, j'irai jusqu'au terreau arbitraire de leurs croyances et je les enterrerai à l'intérieur, leur bourrerai la bouche de tout le néant originel. Je casserai les routes avec mes mains d'acier, détruirai à coups de tête les supermarchés, les banques et les institutions glacées.

Je regarderai tes yeux qui cherchent les miens, et je dissoudrai nos regards dans un vide absolu, dans un adieu dérisoire. Puis je m'en irai seul, nulle part, et je dirai des mots pour me défaire de ma peau, de ma chair, de mes os, de mes pensées et de ma vie. Je me brésillerai au vent en une dernière haine.

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