lundi 23 juin 2014

La réponse aux questions

Il y a de la musique dans ma tête, presque invariablement, dans les moments où je prend la route avec des questions plein le coeur. Il n'y aurait qu'une seule question que cela ne changerait rien d'ailleurs, j'irai par les routes, marchant la tête lourde d'interrogation, attendant que l'engrenage fasse émerger une solution coruscante, une réponse logique qui serait mise en relief par un certain caractère d'évidence, mais seule une musique viendrait combler ce trou de l'âme. C'est comme si le monde en ces moments venait combler de lui-même la vacuité que j'accueille et que je suis. En lieu et place de réponse, le voilà qui fait sourdre en moi une musique obsédante, se répétant inlassablement en boucle, avec suffisamment d'intensité pour que les questions se taisent, tenues en respect, se dénouant d'elle-même face à l'évidence du son. Le volume n'est ni trop fort ni trop faible, il trouve son équilibre dans un remplissage total de l'attention, le champ de la compréhension est accaparé par les notes qu'il assemble et concentre en un présent harmonique, seule un peu de place est dévolue au regard, et secondairement aux autres sens. Le monde se laisse vivre en musique et semble m'inviter à la contemplation silencieuse, l'écoulement mélodique est pareille à une main délicate mais ferme qui s'emparerait du fil des lettres pour défaire chaque mot, chaque assemblage et chaque noeud formant un système sémantique. Je n'ai rien à conclure de tout cela: c'est tout l'espace de mes questions, fait d'arêtes et d'angles, de vides ponctués, qui ouvre sur la continuité du temps et sa sonorité muette qui s'étire dans la contraction présente. Et moi petite volonté furieuse qui marche dans l'agitation, faisant tout mon possible pour épingler de force sur l'horizon de mes pensées l'injonction de réponse, vaincu par la douceur des notes et la force du temps. Et moi petite volonté furieuse qui erre sans réponse.

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