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mercredi 20 octobre 2021

Philosophie du combat

Lorsque Nietzsche définit la noblesse par l'entremise des mœurs, des habitudes, des valeurs qui ont permis à une catégorie d'êtres humains (dominant une époque) de survivre au sein d'un environnement hostile, il affirme que c'est le modèle de la guerre qui permet à l'homme de produire des valeurs, de s'élever par-delà lui-même grâce à l'adversité salvatrice. Un peuple qui serait dépourvu de conflits serait par là même mou et sans attrait, médiocre et incapable de produire ces cimes qui surplombent les époques de la grande Histoire, et servent de repère au grand récit de la culture humaine.

Mais une chose que n'a pas su voir Nietzsche c'est qu'il est tout autant possible d'obtenir le même résultat par le combat et non la guerre. Le paradigme du combat est bien différent de celui de la guerre en cela que cette dernière cherche l'annihilation de l'autre, de l'altérité rebelle. Le soldat cherche à détruire pour violer, pour triompher sans magnanimité, il cherche à surmonter autrui pour prendre sa place, son périmètre d'existence, ou en faire son fidèle servant, ombre spéculaire de lui-même.

Lors d'un combat l'autre n'est pas un ennemi à éradiquer, il est au contraire le partenaire essentiel par qui peut advenir l'adversité. Non une adversité dépourvue de danger et par là même totalement factice: malgré les règles, on peut mourir en combat (comme nous le rappelle tristement un événement récent), celui-ci est peut-être moins dangereux mais l'enjeu y est néanmoins réel et la possibilité d'annihilation toujours là. La véritable différence réside dans le fait qu'elle est acceptée par les deux parties, non comme une fatalité inévitable, mais comme un possible à prendre en compte, bien que non enviable. L'homme qui s'avance au combat est prêt à mourir, lui aussi, mais il sait pourquoi il le fait, il peut trouver en lui une raison d'aimer cette épreuve qui consiste en une opportunité que l'adversaire accepte de bâtir avec lui. Leur surface de combat est le signifiant de l'enfer intime propre à chaque agoniste qu'il s'agit de traverser. La fin du combat, voit souvent les lutteurs se jeter dans les bras l'un de l'autre, et si tout le monde est sauf, l'enseignement est peut-être encore plus conséquent que lors d'une guerre: les deux peuvent en bénéficier sans se départir de leur dignité et leur liberté.

Le combat est le vrai paradigme de l'homme noble, de celui qui veut toujours s'élever par-delà lui-même. La guerre est incapable de prodiguer un enseignement à toutes les parties prenantes, ce que fait précisément le combat.