Redécouverte de brouillons enfouis dans la malle numérique écrit en Juin 2020. Il s'y trouve quelques matériaux pour une idée de roman qui me trotte dans la tête et, depuis, se putréfie lentement dans mon nucléaire oblomovisme.
J'en ai marre des petits écrivaillions de merde, tous ces ouvriers de la
lettre! Tu crois que Dieu a pondu le monde en un an? Qu'il a posé son
brouillon avant de l'amender encore et encore, par petites touches
effrénées?
Mais si c'est ça alors plutôt crever! Y faut que tout ça sorte d'un seul
tenant, comme une gros mollard, une toux créatrice! Bam! D'un coup
l'univers! Les ilôts galactiques et leur interminable sable stellaire!
C'est comme cela monsieur que je veux écrire moi! Que ça ne soit pas un
travail mais le produit presque inconscient et spontané d'une manière
d'être. Et ça doit être parfait! Du premier jet tu m'entends!?
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Alors je hurle, je gronde comme une tonnerre d'éclairs purs:
GRRRRRrrRRRrrrrRRRRRrrrrr... Et puis la bave aux lèvres je m'interromps,
à quoi bon, je suis bien trop conscient du ridicule. Tout devrait se
casser autour, les murs, le plafond, les fenêtres, le quartier, la ville
le monde et la réalité. Tout devrait se soumettre et se dissoudre dans
l'incommensurable colère de mes nuits blanches, les lois de la physique à
genoux face au principe de mes larmes, comme une chienne la réalité,
docile et bien craintive, comme on éduque les femmes.
Mais non. Rien... Pas même un frémissement de l'espace-temps, pas une
réaction du monde extérieur: RIEN. Et quand bien même je me lèverais
pour tout casser, tout envoyer valdinguer, ce serait toujours moi le
premier blessé, avec des fissures dans la carcasse et contusions sur les
membres. La seule chose qui s'écroule ici c'est moi, moi syphon minable
au fond d'une baignoire émaillée qu'est la vie...
Alors bien docilement je referme la bonde, et je regarde s'écouler dans
un filet furieux les scories de moi-même. Peut-on parler d'évènement lorsque
du vide aspire du vide...?
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Bernard Ragueule, c'est un nom qui me va, ça a des sonorités gutturales
qui résonnent comme le cri étouffé des vies qui débutent.
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Tu vas pas me filer ta thune. T'es une conne certes mais tu t'es fait
baiser toi aussi par le système. Et c'est peut-être pour ça d'ailleurs
que tu es conne. Parce que des sales connards ont bâti un monde pour eux
en baisant tous les autres.
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Est-ce qu'il vaut mieux parler au passé lorsqu'on s'exprime à son sujet?
Je ne sais pas. Je me souviens de tout néanmoins, des moindres détails,
je souffre d'une hypermnésie destructrice qui surcharge le présent de
souvenirs. Il ne reste rien alors du présent, ou trop c'est selon, comme
s'il était déjà un souvenir comme les autres...
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