samedi 8 octobre 2022

Phlégéthon

 Maintenant je vais m'écouler, tout au-dedans d'un autre... de lui: l'Avenir de mon échec totalitaire. De monde en expansion, je deviendrai trou noir, implosion au bout du refroidissement général. Une fois n'est pas coutume tout n'aura été que brouillon... Brouillon de moi-même, brouillon de conscience, brouillon d'humain, moment d'existence -- et tout cela n'aura mené à rien.

Ou peut-être que non, la preuve ces pas me mènent à toi... Tu continueras le néant qui nous déchire tous; tu continueras mon fils à souffrir pour les autres, à recueillir en toi le brasier lucide... Ou peut-être que non: peut-être seras-tu épargné, par un curieux atavisme qui verra échapper de toi le fardeau de ton père. Et tu vivras heureux, de ce bonheur dont jouissent les animaux; de tout ce qui a été bien conçu: équilibré, sans faiblesse abyssale ni puissance extatique.

Puissé-je ne rien brûler dans mon trépas, supernovae incandescente, dévoreuse d'espace-temps. Il faudra me garder au loin, comme on regarde les étoiles. Il faudra vivre à mes côtés de toute la distance des cieux.

Je prie qu'on ne se touche... Car alors, si nos deux âmes enfin s'abouchent, je saurais ce qui couve en ton chantier de flammes, je connaitrais les méandre de tes veines, Phlégéthon infernal... Je saurais dans ma chair l'absolue solitude qui te sert de royaume... Sans porte de secours.

3 commentaires:

Gérard a dit…

Phlégéthon, le fleuve de l'enfer ! Toi qui a déjà fréquenté les champs phlégréens, les champs brûlants, près de Naples.

L'âme en chantier a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
L'âme en chantier a dit…

Oui, je me souviens des trous d'où sortait le soufre. Je ne savais pas que c'était le nom de ce lieu. Sonorités intéressantes.