mardi 1 octobre 2019

À l'abri de quoi?

Assis sur la petite terrasse, face vers l'ouest comme on attend au matin déjà la fin du jour - et peut-être de toutes choses -, je sens le vent fouetter doucement mes cheveux, m'envelopper de sa force; présage, peut-être, du jour où les éléments trouveront la force de porter le carcan de mon existence au-delà d'elle-même.

Le ciel est gris et tire par endroits vers un noir d'apocalypse. Je lis. La page s'assombrit, tout autour la luminosité décline et semble naufrager le monde en une tristesse inéluctable. Je pressens la première goutte de pluie arriver, je la sens déjà, dans une anticipation plus vraie que ce présent qui la trompe, chuter lourdement sur la page du livre, sur ma tête; mais rien n'arrive... Le ciel est une paupière qui lentement se referme sur le jour asséché qui semble trop vieux pour les larmes. J'attends pourtant qu'elles viennent, mais ce ciel est ma tristesse, fatiguée d'elle-même, incapable de pleurer, sans surprise.

Néanmoins, je me lève du siège où j'étais installé et rentre à l'abri, je rentre en moi-même pour me protéger du monde, mais le monde est en moi, sans refuge lui aussi contre la vacuité qui l'enclot... Peut-être que c'est lui qui devrait se mettre à l'abri...

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