vendredi 14 juillet 2017

Je n'ai rien oublié

Je n'ai rien oublié, ni la première fois où tu t'es pudiquement dénudée, je m'étais dit alors, je m'en souviens si bien, mon dieu qu'ai-je fait pour mériter telle femme, tu étais si parfaite à mes yeux que tu parvenais à te confondre comme un calque avec l'idée même de la Femme. Aujourd'hui, encore, je pense la même chose. Je n'ai pas non plus oublié ton nuage musical qui a déversé sur moi tant de frissons. Je n'ai pas oublié tes paradoxes: la douceur enfantine - et dont une image de toi me revient, lorsque tu dormais et qu'un petit bout de pied dépassait toujours de la couette - et la féminité sauvage. Je n'ai pas oublié ta folie, la bonne comme la mauvaise, et toutes les étincelles de joie ou de souffrance qu'elle a pu créer en rencontrant la mienne. Je n'ai pas oublié la douceur de tes joues que j'aimais embrasser et la manière alors dont tu plissais les yeux comme un petit enfant. Je n'ai pas oublié ta façon d'embrasser, ou devrais-je dire notre façon d'embrasser, cet accord parfait que nous avions créé, qui nous laissait pantelant et ivre de je ne sais quoi après ces minutes interminables où nous étions collés contre un mur, bouche contre bouche. Je n'ai pas oublié l'intelligence sensuelle que tu possèdes et qui te faisais comprendre mes pensées à mon simple contact, à mes regards, à mes gestes. Moi je n'ai jamais su faire la même chose, tu restais un mystère vierge d'interprétation: tu le seras toujours. Je n'ai pas oublié tes larmes qui me faisaient mourir. Tu n'as pas idée combien je me suis puni chaque fois que j'étais la source de ces larmes amères. J'ai détruit des fragments de moi, j'ai mutilé mon ego, je me suis détesté plus d'une fois, j'ai bien failli mourir de désamour pour cet être hideux. Je n'ai pas oublié nos délires ridicules et la mièvrerie qui s'emparait de nous, partait de l'un pour ricocher sur l'autre dans un jeu dérisoire. Je n'ai pas oublié la fierté qui m'étreignit lorsque je vis pour la première fois nos deux noms accolés sur la même adresse. Je n'ai pas oublié le don de toi même, ni ta possessivité parfois à mon égard. Quand deux extrêmes se côtoient, c'est toujours beau, comme une aurore orangée ou un crépuscule dorée, mais un jour la nuit finit par être seule, et le jour aussi. Et, paraît-il, c'est un nouveau crépuscule suivit par une neuve aurore...

Je n'ai pas oublié une seule seconde de ces cinq ou six années. J'y pense et j'y creuse la tombe de mon coeur épuisé. J'ai oublié bien des choses et j'en oublie de plus en plus par excès de fête ou bien d'indifférence. Cela dit je n'oublierai rien de tout ça, jusqu'à la dernière pensée, jusqu'au dernier regard dont tu es une part consubstantielle.

Je n'ai rien oublié

2 commentaires:

Nokomis a dit…

C'est beau... tu m'as fait pleurer...

L'âme en chantier a dit…

Haha, merci beaucoup mais c'est loin d'être un texte que je juge beau personnellement, juste un besoin de dire certaines choses en rythme (parce qu'il y a cependant du rythme si on sait lire le texte).

Je t'invite à lire "Quelle était la question", qui est à mon sens, un beau texte. C'est plutôt rare que je le pense, encore plus que je le dise alors...