jeudi 23 janvier 2014

Les grandes questions

Voici les grandes questions que je poursuis.

La connaissance est-elle le projet d'un échec programmé, en ce sens que la totalité des points de vue qu'un sujet peut prendre sur un objet est un horizon intangible? La scission du sujet et de l'objet, si elle permet de connaître l'objet de l'extérieur, de l'au-delà, autrement dit depuis un système abstrait qui l'englobe et le comprend, ne permettra jamais cette compréhension interne qu'est le fait d'être la chose en elle-même, la chose en soi. Mais précisément la connaissance s'annihile dans l'être, car l'être ne connaît nulle distance, il est sans débordement aucun, l'être est muet, sans discours, plein de cet acte si mystérieux qu'il est lui-même. Me voilà qui parle comme un dogmatique, définissant l'être lors même que je n'en ai nulle idée. Il faut choisir entre être et connaître, ce dernier terme étant bel et bien la naissance avec ce qui est autre, impliquant par là que l'autre ne se départira jamais totalement de ce caractère étranger, de ce mystère qui nous fait tant courir. Il me semble en tout cas que la connaissance est condamnée à ce caractère lacunaire, à cet infini que nous ne cessons d'agrandir à mesure que nous le parcourons. Probablement parce que nous créons le monde.

Le temps et l'espace sont-ils bien les structures a priori, déjà achevées et complètes en nous? Ne peut-on imaginer ces deux formes n'étant rien d'autre que la production par les catégories d'un objet particulier, d'un objet qui soit la condition de tous les objets? Sans l'autre, sans la matière ou la chose en soi qui nous affecte, notre conscience et nos structures a priori ne sont rien; mais alors ne peut-on penser que le temps et l'espace ne sont pas ces structures passives dans lesquelles le flux hylétyque de l'inconnu nous parvient? Peut-être sont-ils le produit de la constitution active de l'entendement qui agence des unités par la catégorie de quantité et les lie par la causalité et la communauté? Que se passe-t-il lorsque nous regardons le monde sans vraiment y penser, sans vraiment se mettre dans la perception? N'assiste-t-on pas alors à une sorte d'image floue, de divers confus qui n'est qu'impressions diverses que rien n'ordonne et que seule la forme que notre vision impose vient limiter? L'espace est un creux que nous créons parmi les choses, il est le travail de l'entendement qui vient insérer ses concepts parmi cette continuité impressive qui nous affecte, créant ainsi la perspective, l'imagination des distances qui sépare l'unité des choses que nous isolons. Et pourtant, je dois bien admettre qu'il est toujours là, supposé, dès lors que nous voulons concevoir un objet quelconque hors de nous, même en nous. Même le pur ressenti, le pur vécu qui habite le temps, s'accompagne d'une association au corps que nous sommes, à nous en tant que sujet spatio-temporel et voilà alors cette vie interne et fluide qui vient s'accrocher à ce point de référence que nous sommes, telle une concrétion étrange et mouvante. Mais là encore, l'espace n'est qu'une présence fantomatique, supposée, peut-être est-il l'unification totalisante, la synthèse unifiante que fait subir la conscience à tout ce qui tombe sous son effort? Peut-être que l'espace infini et homogène existe en arrière-plan, comme le corrélat sensible de la synthèse de la conscience qui subsume sans cesse le différent dans un effort d'unité qui s'avère spatio-temporel?

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