samedi 28 mai 2011

Réveil

Tout est endormi dans ce soleil qui luit et sa réalité pâteuse, peut-être qu'elle l'est parce qu'elle n'existe que par mon esprit fatigué qui tente en vain de s'ouvrir et de se rendre alerte.

Les bruits me parviennent, secs, tranchant la nonchalance de mes pensées et pourtant il semble qu'à peine heurtés par ma conscience, ils se détendent dans une sorte de mollesse qui les enserre et les prive d'objectivité. J'avale la réalité et la rend toute molle, la façonnant à mon image, faisant de son existence un long réveil tardif.

Il me faudra sortir et expérimenter la chaleur de l'astre solaire sur ma peau, pour m'accorder aux autres déjà bien éveillés, qui forment le monde à leur image pleine d'entrain. En attendant, je savoure ce décalage par l'écriture de ces pages, prolongeant à loisir cet univers parallèle si têtu qu'il en percerait le nôtre, juste pour se prouver quelque chose.

Il y a ce bruit de fond incessant, que trop souvent maintenant j'apparente à la vie même, le son du frigo bourdonnant qui tache ma réalité présente. Il s'entête et jamais ne s'arrête, donnant toujours sa note pour que le monde s'accorde. Et mon âme s'endort, bercée par ce chant fade qui rompt avec la diversité d'une nature qui persiste au dehors.

Les maisons des humains sont ainsi faites qu'elles sont un univers clos sur lui-même à l'intérieur du grand Univers ouvert sur tout puisqu'il est tout ce qui est. Nos maisons et leurs sons monotones, leur atmosphère artificielle, leur calme dérisoire qui lutte contre l'agitation des rues. Même la lumière du soleil y est transformée, comme prisonnière d'un bocal d'où l'air est absent, où tout devient sec et blessant.

Il est l'heure que le monde tourne avec moi, je me lève donc du fauteuil, monterait ensuite les escaliers, entrerait dans la salle de bain avec son air humide, j'y prendrai une douche, reprenant contact avec la froide réalité de l'eau qui coule sur mon corps. Quand tout sera fini, je sortirai et j'ouvrirai les portes de mon royaume à cette nature qui nous attend.

1 commentaire:

Gérard a dit…

"Je sortirai dehors".
Attention pléonasme.

Papa