jeudi 1 janvier 2009

Ecrivain

01/01/2009

Moi aussi je veux devenir un écrivain. Alors je prends cette feuille blanche, presque grisâtre, et j'attends, j'attends que jaillissent les pensées que ma main viendra piéger sur la papier.

Je ne sais pas si la saison et le temps y sont pour quelque chose mais tout semble absurde en ce moment. Tout marche au ralenti, on dirait que la nature est recouverte de coton et pourtant il ne neige pas. Ah l'hiver tombant, ces gouttes de pluie chutant sur le sol durci par la froideur, ces bourrasques de vent virevoltant qui vous glacent le sang et vous somment de vous emmitoufler bien au chaud, à l'abri.

En cette ère, où le temps a un prix et où chaque humain est pris au piège de son engrenage, ce temps uniforme contre lequel on se bat en vain, c'est comme si la nature nous enjoignait d'arrêter, de ralentir la cadence, de prendre des vacances. Les corps s'engourdissent, chaque sortie devient un effort coûteux, le froid veut tout figer sur son passage. Mais nous nous obstinons à aller contre la nature, à nous lever chaque matin alors que le ciel est encore noir, à rester productif malgré ce que cela nous coûte, malgré les protestations de notre corps.

C'en est assez, je vais me laisser couvrir de coton, m'engourdir dans l'oisiveté heureuse, exister pour exister, sans but ni échéance, car la liberté mes amis c'est quand on ne fait plus la course au temps, c'est quand on navigue dans son sillage, au gré du courant.

Chaque année, la planète prend sa saison de repos, elle fait le deuil du soleil, pourquoi ne pas l'imiter? Le papier est si doux sous ma main, aucun mot que je trace ne rentre dans le quadrillage de la feuille, pourquoi n'en est-il pas de même avec l'homme?

Je serais bien sorti me promener, marcher sans but, m'asseoir sur un banc dans un jardin public, allumer mon pétard en observant les gens, en me gorgeant de leur vie. Regarder, analyser, comprendre, épouser. Le monde est une bande dessinée, il m'arrive d'être enfermée dans les vignettes, de figurer dans le scénario, mais le plus souvent, dés que je peux, j'en suis le lecteur toujours attendri. Ce monde, il a été écrit, joué, dessiné tellement de fois et avec tant de talent que je en sais si un jour, je serai capable, moi aussi, d'offrir la vie sous la forme de mots, de phrases et de pensées à mes congénères.

Avant j'aimais bien m'imaginer la vie des personnes que je connaissais. D'un coup, je mettais la mienne en pause et je tentais de me mettre dans leur peau. C'est drôle tout ce qui peut se passer en un souffle: des naissances, des morts, des joies, des tragédies, des pensées, des, des, des...

Quadrillage, quadrillé, quadriller, ça c'est la folie de l'homme moderne: conquérir, quadriller, normaliser, asservir. Qu'à cela ne tienne, sa fin est proche à cette espèce dangereuse surnommée l'homo oeconomicus, la modernité de l'homme, la médiocrité de l'homme, le réalisme...George Bernanos a dit cette phrase magnifique: "le réalisme c'est précisément le bon sens des salauds".

J'ai pris ma décision, chaque jour je me diluerai corps et âme dans ces mots que je forme, je dissoudrai mon humanité pour raconter celle des autres, j'échange ma vie contre La vie.

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