lundi 21 mars 2022

Ailleurs

 J'avais, dans la voiture, un train d'images qui contenait en ses wagons, tout ce petit trajet et, plus généralement, tout ce mouvant présent automobile. Images phantasmées, arrimées l'une à l'autre en rêveries kaléidoscopiques: et tout ceci était la vie, la vraie, la seule.

Depuis l'enfance qui hurlait, depuis les salles d'attente, les classes d'école, les chambres à ranger, tout ce noyau d'agir s'est concentré en soi, pour percer le tissu temporel, forger au cœur des choses un monde clandestin.

Être ne m'a pas demandé plus d'effort que de savoir piloter ces fééries diurnes par lesquelles je m'échappais des cieux pour vivre la réalité d'un monde impossible à souiller.

C'est ainsi que je veux la vie: pareille à cette enfance qu'il s'agissait de fuir par l'union de ces mots qui m'emmenaient ailleurs.

Ailleurs est toujours quelque part ô combien plus enviable qu'ici.

Ailleurs est toujours quelque part.