dimanche 5 mai 2024

S'envelopper de monde

Brouillon de 2015
 
Je suis parfois coincé à la surface de moi-même, loin de la puissance féconde et de son coeur pulsatile, si loin que je ne peux l'entendre respirer. Tout entier dans les gestes qui fouillent l'extériorité projetée d'un monde qui n'est que le rejeton d'un réel qui complote avec les âmes. Je suis dans la distance si courte entre la surface de mes yeux et celle des choses observées, comme si toutes mes images ne parvenaient pas à cet esprit artisan qui assemble les couleurs, dessine des formes avec la prolixité d'un démiurge enivré de lui-même.

Cette église sans dieu qu'est mon âme demeure alors sans écho, rien ne vient résonner, chaque son semble se perdre sur les murs extérieurs.

Je ne contiens pas ces heures, ce sont elles qui me contiennent, et je me sens l'enveloppe externe de mes propres actes.

C'est que le monde est cet espace entre deux horizons: celui qui se joue devant nous par les sens, et celui, inobservé, que les pensées figurent par leurs formes abstraites. Il est cet espace que j'ai sous les yeux et ce que j'imagine par deçà et par delà, par souci de continuité et de cohérence.

Le monde en ces moments n'est plus que le terrain atopique de mes sens, sans fondement imaginatif, ou bien réduit à sa portion congrue, carte miniature et schématique d'un territoire qui a perdu ses mots.

Le monde, une fois n'est pas coutume, se referme sur moi - mais n'est-ce pas moi qui me recouvre de lui?

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