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mardi 28 avril 2020

Ceux des intermondes

Que font mes semblables de ceux des intermondes? Ceux que le vide appelle comme injonction à voyager. Ceux qui bâtissent les ponts entre royaumes?

Tous se précipitent en des empires de mots, de concepts concrets, cristaux de valeurs cimentées par le liant des fois concrétisées. Le paysage de l'existence est quadrillé d'autoroutes qui mènent à ces mégalopoles de certitude. Chacun s'y terre et s'y déleste de tous ses vertiges. Les peurs sont comme des bagages qu'il faut poser ici, au sein des autres, qui crient plus fort que tout. Tout est défiguré ici, le devenir hypostasié, les valeurs imposées, mes semblables ont toujours été fascinés par ceux qui ne contemplent plus et tracent des sépultures dorées derrière leurs paupières closes...

Moi je ne suis pas d'ici. Je tends le fil entre les mondes morts, m'agite par-dessus le vide. Ma croyance est infime, elle n'est que pragmatique, chemin qui s'efface sitôt parcouru.

Je ne comprends que trop bien la fascination des humains pour les hérauts des vérités. Chacun veut se reposer à l'ombre de l'autorité. Chacun veut être protégé par la tangible opacité d'opinions naturalisées.

Quelle rôle ont les esprits nomades, qui dénouent les comos par un regard lucide et s'en vont sur des routes encore inempruntées... Quelle légalité pour ceux de cette race? Les tziganes de la pensée, les vagabonds des sentes éphémères qui traînent dans leur balluchon le ferment d'une altérité. L'ailleurs, l'autre, c'est le doute dont tout le monde souhaite se débarrasser.

Nous sommes encombrants, étiquetés acosmiques parce que du multivers, et d'une réalité changeante comme les saisons.

Nous sommes le devenir renié, inarraisonnable, celui qu'on ne peut anticiper, le sans confort.

Une croyance ou tout un monde entier sont autant de demeures: des murs pour cacher l'horizon fuyant, un sol pour ne pas voir le vide, et puis un toit pour cacher les confins immenses qui nous font minuscules...

mercredi 6 mars 2019

[ Terres brûlées ] Sang vert des mont neigeux



Dans la vallée sans larme sinue la ganse bleue, la rivière joue de charmes aux dessous argileux. Le poudroiement des fleurs sur fond d'ivre verdure et le nuancier ocre des flancs de la collines s'élèvent sous mes pieds, lèchent mon aspiration céleste, mon âme est partagée entre errances stellaires et fruits murs de la terre.

Le territoire insulaire offre son éventaire, jette sur les yeux d'indéfinies couleurs de feu tandis que la monochromie neigeuse des monts surveille de son perchoir ce paradis perdu, îlot si dérisoire. Petite route montagneuse, terre où s'impriment les roues crantées de noir, fraîcheur du soir qui descend pour un bain de douceur en la prairie de fleurs.

Comment tant d'opposés parviennent à se marier dans une agonie atomique, ce monde ondulatoire grignote les frontières, accorde chaque note en gamme chromatique, dissous dans son étoffe les vaines identités. Dans ma veine: entité nomade, en dérive au long des frondaisons froissées par le vent des montagnes. Au loin, en bas, je vois hennir des ânes. Des femmes aux voiles rouges, bleus, verts, djellabas versicolores ondulant comme flammes des vapeurs de terre.

Sur la tête ébouriffée des grands palmiers hirsutes, quartiers de dattes amoncelés, qui pendent en un balancement sucré. L'écho de mon regard entre les murs arides, l'enfance peut s'ébattre en ces gorges liquides.

Là, dans la terre abreuvée, germent les graines de mes vers retrouvés, sur ce lit d'émeraude, source vive et si chaude, où s'élèvent les sèmes de l'exquise palmeraie.