Refermer les crocs térébrants de rage sur le rien de sa miserable vie ne saurait éclairer de sens le prosaïsme ambiant et la médiocrité. On ne contrôle rien et cela nous écrase toujours un peu plus sous une masse grandissante de frustration -- mais cette frustration ignore qu'alors la vie serait peut-être encore plus odieuse...
Si les crocs aiguisés par l'acte automatique d'affutage qui pousse un homme sans espoir à décupler sa puissance pouvaient, ne serait-ce qu'une seule fois, s'enfoncer dans la chair de quelque chose, d'un morceau de substantielle réalité, alors peut-être que le monde porterait la marque de notre révolte, mais peut-être, aussi, tracerions-nous sur notre propre épiderme les cicatrices d'une auto-dissolution programmée, d'un anéantissement de soi -- car c'est là, peut-être, le seul accès connu au bonheur, la véritable ataraxie.
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