lundi 5 février 2018

Pierre t'emballe

Le chant des chrysanthèmes c'est le vôtre et le mien, c'est celui des cellules où bruisse la vie silencieuse. C'est celui des terreurs d'enfant incrustées dans le coeur adulte, celui des regards qui n'ont nulle part où se poser, et traversent les choses pour y chercher l'écho lointain de tous ces êtres chers qu'une vie enterre. C'est celui des éphémères comme des tortues, celui de tous les mondes qui naissent puis chutent en la dissolution utile. C'est celui de la vie qui s'accroche à la singulière exception qu'une entropie patiente guette du fond des âges.

Le chant des chrysanthèmes c'est celui de ces fleurs que je ne porterai pas sur les tombes de ceux qui vont partir, de tous ceux qui se voient, au seuil de la finale, s'éloigner d'un seul coup. C'est le chant de cette âme qui voudrait contenir en elle toute leur souffrance évitable. Le chant des chrysanthèmes c'est celui qui constituera l'unique mélodie de mon quotidien, lorsque j'aurai perdu ceux qui m'ont fait.

Ce chant c'est celui que nul n'entendra et qui signalera qu'enfin plus rien ne compte. Alors les pierres lourdes pourront peser de leur silence, et les fleurs qui tentent de les éveiller avec ce qu'elles ont su conserver du soleil s'éteindront elles aussi.

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