mardi 18 septembre 2012

Conscience et construction de l'ego


La conscience ne serait-elle que le processus de construction de l'ego?

La conscience semble être l'outil d'un processus psychologique fondamentale: l'ipséité. En effet, comme le pense Bergson, il apparaît que l'identité d'un individu, le 'moi', n'est pas une substance que l'on remplit mais est précisément un processus de création perpétuelle inscrit dans la durée. Autrement dit, et pour simplifier, l'identité n'est pas la somme d'événements s'inscrivant dans une éventuelle succession temporelle, mais le produit immédiat d'états de conscience s'inscrivant dans la durée. Afin que le 'moi' perdure et trouve une continuité dans son incessante altération due au monde extérieur, il lui faut s'organiser en système à travers le principe d'ipséité. L'ipséité, qui s'opère grâce à la conscience, assimile chaque donnée pour l'intégrer au système du 'moi' qui devient ainsi un pur ensemble interactionniste. Dans le 'moi', rien n'est isolable car tout est induit par le reste du système: c'est le principe bergsonien de conpénétration, la totalité du moi est présente dans n'importe quel état de conscience et est absolument indissociable du reste du système.

Un lien important est à faire entre ce processus d'ipséité de la conscience et l'assimilation qui s'opère notamment par le biais des émotions. Le corps qui est en lien direct avec le monde, l'altérité, traduit ses propres expériences en émotions qui vont être traitées par la conscience sous la forme de jugements qui donnent naissance aux sentiments. Le sentiment est l'assimilation consciente de l'émotion dans le système identitaire. Il est donc en perpétuel élaboration et ne peut être quantifié, mais doit plutôt être observé comme une qualité. Il faut être prudent sur l'emploi du terme 'conscient' qui détermine ici le mode d'élaboration de l'ipséité mais ne signifie pas un état de conscience 'conscient'. En effet, une grande partie de ce processus est inconscient dans l'acception psychologique du terme. La conscience peut être vue comme l'enceinte du 'moi', mais est à distinguer de l'état de conscience.

C'est ce principe d'ipséité qui est à l'oeuvre dans l'entendement ou la compréhension du langage, afin que l'énoncé soit vue comme un tout dont chaque partie n'est déterminée que par l'ensemble et non de manière indépendante. Si nous comprenons un énoncé, c'est grâce à ce processus d'ipséité qui est capable à chaque instant de réaliser le produit des expériences passées dans le présent. Il n'y a pas de compréhension partielle au fur et à mesure de la lecture ou de l'écoute, mais il y a élaboration perpétuelle du sens au regard de ce qui a été perçu. Pour prendre un exemple prosaïque, il ne faut pas voir ce processus comme la construction d'une maison brique par brique mais comme le ré-agencement incessant de la maison au fur et à mesure que des éléments s'intègrent au système ou que des espaces apparaissent ou disparaissent.

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