Brouillon d'il y a quelques mois... Mais tout ici n'est que brouillon n'est-ce pas?
J'ai connu l'amour un jour vous savez. Ça peut paraître difficile à croire lorsqu'on me connait désormais, mais j'ai connu une femme que j'aimais d'une passion absurde. Cette femme m'aimait aussi, disait que j'étais l'homme de sa vie et désirait finir ses jours à mes côtés. Elle disait, je m'en souviens très bien, que l'amour était ce qu'il y avait de plus beau en ce monde. Moi, avant elle, je m'étais persuadé que c'était faux, que l'amour n'était qu'une illusion. Cette illusion pourtant, dure depuis maintenant presque neuf ans.
Combien de temps doivent durer les choses pour qu'elles perdent leur statut d'illusion? Je connais des vies qui durent moins que neuf ans et qui sont pourtant bien réelles... D'ailleurs, si les illusions n'étaient pas réelles, comment pourrions-nous en parler, comment les connaîtrions-nous, comment les vivrions-nous donc?
Je crois que cet amour est donc une réalité bien fondée, aussi tangible que le sol que je foule, aussi omniprésent que l'air que j'inspire, aussi durable que ma vie, qui sait peut-être jusqu'à sa fin programmée...
Aujourd'hui, je suis privé de cette réalité, je paye le prix d'un sacrifice immense, mais j'y gagne aussi d'autres choses, d'autres formes de plaisirs que le renoncement me permet d'obtenir. Pourtant, je sais que si cette femme revenait, car il n'est pas d'autre amour pour moi, je serais probablement près à perdre ces joies nouvellement gagnées, pour retrouver cette expérience dont les souvenirs m'étreignent encore avec tant d'acuité. Et qui sait, peut-être pourrais-je, grâce à l'expérience, concilier le meilleur des deux mondes...
Je ne m'arrête plus devant les vitrines de l'amour, car je n'y perçois jamais les promesses placées en devanture, mais je ne fais que capter, dans le reflet des vitres, ma gueule solitaire accompagnée du fantôme de tes yeux noyés dans les cheveux.
Tout n'est que souvenir. Mais j'ai connu l'amour comme vous n'oseriez le rêver...