Voilà un petit rap expulsé je ne sais comment d'un homme épuisé, sorti tout juste du travail, comme tant d'autres qui auraient juste souhaité être ailleurs...
Rémi rentre chez lui le regard alangui, à réfléchir à vrai dire il n'a plus l'esprit. Aujourd'hui c'était un jour de turbin, un jour pareil aux autres où il vendait sa vie comme si c'était du pain. Rémi, comme tant d'autres que lui s'affale et s'avachit, n'est plus qu'un corps sans énergie.
Tendre la main puis la tourner comme ceci, revenir demain et après-d'main aussi. Prononcer telle phrase à tel moment et de telle manière, fermer la porte derrière soi éteindre la lumière; attacher l'étiquette, retirer la languette, refermer la barrière, sourire et avoir l'air, d'être au creux d'un songe éphémère.
Rémi consume son temps de liberté provisoire à visionner des émission dérisoires, Rémi consomme le sang de son espoir pour échapper à un glouton trou noir.
À quoi ça sert de débaucher si tu n'as plus la force de profiter, la semaine d'un homme c'est trente-cinq heures d'activités pour qu'un connard puisse se toucher.
Rémi exsangue s'unit passivement au canapé, de toute façon c'est bientôt l'heure de se coucher.
Une mort légale, distribution générale à toute l'humanité moins un petit pourcentage de privilégiés. Le travail c'est la santé, c'est c' qu'on peut lire sur les écrans de nos télés...
Rémi quand il arrive au bout de sa jeunesse et que son souffle en est coupé, il n'a même plus la justesse de se rendre compte qu'on l'a dupé.
Trop tard, sa vie c'était quelques congés, et quelques heures à consommer.
Qu'est-ce que tu veux que j'te dise mon vieux, fallait jamais signer!
La mort de l'homme et de la créativité a cours en masse dans les démocratie moderne. Elle a la couleur terne d'un contrat de travail et son appât se nomme indemnité.
La mort légale est plus rentable que par balle.
Les héros d'aujourd'hui dans les poèmes sont employés.
Des zéros d'outre-nuit dont les ailes demeurent ployées.
La mort légale c'est toutes ces vies jetables,
Vendues par paquet de douze et toutes aussi banales.