lundi 3 février 2020

[ Terres Brûlées ] Égrégore

Sous-titre: l'obsolescence de l'homme





AAAAaaaaAAAAAaahhh!
Ça gueule et grogne au fond du tambour sec
Ça casse sable et crisse pour un morceau de sexe

Et ça cherche, ça cherche
Au fond de tous les coins
Sait-on jamais si dans un trou le point
Qui nous annule est là

Ça crache en pluie de mille bruits
L'amour en vains débris
Et puis les cris...
Des cris qui glacent les atomes
Dans leur gangue d'éther

L'alcool dans les artères
Le tourment qu'on déterre
À coups de pelles cyclopéennes
Ça viole sec dans les sous-sols!

Un lourd froissement de tôles
L'esprit se révolte en sourdine
Écrin de l'inconscience
Où gît le joyau silencieux
D'impudiques souffrances

Tu souffres il souffre
Nous souffrons vous souffrez
Mais le monde s'en fout
Avale la fumée

J'explose en mille épaves blanches
Écume des grands larges
Et mousse au bord des lèvres
La haine dans la glace
Reflet que je déteste

Rupture de flux vital
Épuisement des stocks
La joie? Comment!?
Vous y croyez encore!?

Pétales silencieux
Ternes et mats
Comme une ecchymose
Aux couleurs écarlates

Patate brute
Sur peau de face tendue
Poings de sculpture
Qu'on se lance en ratures

Eh quoi! C'est mieux qu'user de fil
Pour se coudre une image!

Neuve s'il vous plaît!
Refaîtes-moi nouveau!
Quelques fếlures en moins
Quelques options utiles

Que plus jamais ne manque à mon vilain tableau
D'amendements concrets pour souffrir l'existence

Pelote brouillée de peurs
De souffrance aurorale
Vous prendrez bien de la démence
Pour saupoudrer le mal?!

Qui ronge comme un ver
Le long tuyau de selles
Parce que la merde digère la merde
Sans reculer d'autant

Étincelles mutines
Giclant de vif éclat
Sur le tapis bien sale
De la conscience en larmes

En flammes l'attention!
C'est le présent qui brûle
Du sillon d'Attila
Et saigne incandescent

Lumière?
Oui, charriée par les bûchers
Qui tout autour démarrent
Les idées en croisière ont jeté les amarres
Et tout part à veau l'eau
S'éteindre au fond des mers

Des mères amères de voir
Tous leurs vains sacrifices
Servir de torche-cul
Aux machos qu'elles ont fait

Mon fils est fou!
S'affolent-elles ineptes
Hurlant des mots hideux
Dans leurs cris sales de chiennes!

Elles savent
Qu'un jour pas si lointain
Elles fleuriront les tombes
Avec des chrysanthèmes

Les mères les femmes et les chiennes
Hululant à la lune
Pour le retour des mâles
Qui dorment sous la dune

Mais là-bas l'air est bon
On suffoque on étouffe
De douleur enragée
On dégorge le vice
En souffrance outragée

On s'y badigeonne de néant
Pour se cacher de cieux méfiants

Que crève cette engeance
Et tous ceux qui, méchants,
Cultivent les beaux rêves
Pour violer leurs enfants

L'estomac qui éclate
Ça dénouera le nœud
Mais la gorge renâcle
C'est ça de boire le feu!

La semence divine
Dans tous les orifices
L'âme percée vomit
L'infâme lueur de rien

On nous a trop menti
Bercés de songes sales
L'univers est un mur
Qu'on s'empresse de repeindre

Tous les symboles
Du fond de tous les âges
N'ont pourtant rien à dire
Et rien à nous apprendre

La fange culturelle
Pourrit même les pupilles
Pirate nos neurones
Liquéfie les organes

Et presse! Presse!
Les gens comme des oranges
L'humain c'est pas grand-chose
Ça fane vite un peu comme les roses

Ça travaille plutôt bien
Fait la guerre assez mal
Mais bientôt c'est plus rien
De la poudre d'étoiles...

De toute façon...

De toute façon
Plus rien n'est vénérable!
Chaque atome lointain
Ourdit des plans minables
Pour contrer un destin
De distance insécable

Avale donc le rêve totalitaire
Étouffe-toi dedans
De rage militaire
C'est ça l'amour enfin

Une étreinte forcée
À ton corps qui s'éteint

Mais le dégoût déteint
Jusqu'au tissu des Moires
Ce fil tressé de noir
Doit être ici coupé

Les têtes de chacun doivent enfin chuter
Aux pieds d'une nature qui s'est faite rouler

Un coup de pieds dans les étoiles
Et l'univers restructuré
Programmation du spectacle AN-NU-LÉE
Pour cause de grève sidérale

Les dieux sont sidérés
On veut refondre le tissu ontique
Gratter dans tous les coins
Arracher tous les tiques!

Et qu'on y perde des litres
De sang souillé de tourbe
Parce que la force ultime
Surgira des grands fonds

La reine habile est là
Puissante dans l'arène
Les gladiateurs se figent
Et retiennent l'orage

Elle est ici! Enfin!
La mère d'indéfinis récits
La bouche des plaisirs
Langage universel
Ô cercle de l'Histoire

Les armes chutent au sol
Les cadavres se couchent
L'enfant dévore sa mère
Les hommes inquiets écoutent:

Chut! Chuuuut!
S'indignent les plus viles
Ceux des sources taries
Qui n'ont bu que la lie

Alors enfin
L'éternité s'élance
Et les souffles refluent
Tant le Réel est noir

La grande histoire des hommes
Remonte son long cours
De l'unisson des cœurs
A jailli l'égrégore

Ils ont été nombreux
À désirer ce monde
Qui bientôt fait de l'ombre
Au grand royaume ancien

Là regarde comme c'est beau
Ils rêvent d'un cosmos
Tout plein de leur absence
Et dépourvu de cause

Vierge, nu
Fait d'astres illettrés
Car le temps est venu
L'obsolescence programmée

Demain? D'accord,
Mais sans l'humanité

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