dimanche 16 septembre 2018

La fin

Ce texte est une "commande" livrée avec du retard... Pour Jérémy.

La fin est le début d'autre chose, c'est ce qu'on dit toujours pour consoler les âmes moroses. Mais je ne cherche pas à consoler car la fin emporte toujours un fragment de nous-même, que ne ramène point l'écho hanté de nos anciens je t'aime. Je connais tes angoisses, et le rythme effréné du tambour de ton coeur lorsque tu crois être l'élu du privilège de ses regards. Un peu d'attention peut peindre de lumière des pièces oubliées qu'on destinaient au noir...

Mais à trop espérer on finit par suspendre les eaux du destin, à rester prisonnier d'une éternelle nuit que n'attend nul matin. La meilleure main à saisir est avant tout la sienne, et montrer à l'aurore qu'on sait encore tenir les rênes. L'attelage de nos vies est souvent capricieux, mais derrière les mirages attendent des gens délicieux. Et, qui sait, peut-être un nouvel ange droit venu des cieux.

La fin est déjà passée, et nous sommes encore là, figés dans une lutte de chaque membre qui voudraient retourner au temps des pieux mensonges, des royaumes inventés. Car le passé, vois-tu, n'a jamais existé, et tout ce qu'on retient n'est qu'images tressées en un spécieux bouquet. Pourtant... Il est des fleurs vénéneuses que l'on a pris grand soin de ne point ramasser. Et ces vénielles ratures sur le velin du temps, rendent la peinture sublime, le tableau rutilant.  Chaque nuance nous rappelle alors ces grands et mystérieux arc-en-ciel qui lient, cruellement fugaces, le lit de la souffrance aux contrées de l'enfance.

Pourtant, ici, maintenant, après cette fin désastreuse que l'on croit la dernière, l'ultime intolérable, se tient le doux écoulement de la seconde en cours, baignée de sentiments bruissant comme velours. Et mille regards-fantômes qu'on garde en souvenir, n'égaleront jamais l'étreinte rayonnante d'un chaleureux sourire.

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