dimanche 7 août 2016

Journal d'un principe

Perché sur une branche de la vie, avec son code inventé, son alphabet hélicoïdal, je vois chuter les corps célestes. Pluie de lumière qui fend les ombres, mouvement indéfini que mes pensées épousent, comme des grains de sable qui marqueraient le temps. Les souvenirs parsemés au pied de ma branche, font sur le sol une étrange semence qui donne ses fruits dans mes sentiments vécus, racines invisibles qui s'accrochent à l'âme et en portent les fleurs.

Peut-être qu'une forme de loi de la thermodynamique, nous pousse à avaler notre passé pour exister sur la crête émoussée de l'instant. J'avale mes moments vécus et cela me fait d'autres présents, ou plutôt le même long présent qui se nuance et se fond dans son prolongement comme une mélodie sans origine ni destination.

Somnoler sur une branche et chuter vers l'indétermination, ravaler ses mots car la poésie est un sentiment musical. Change-forme sur sa branche jette sur le réel son voile diapré de couleurs, de sons, et d'autres formes qui sont la signature de ce qu'est son rythme et sa structure ancrée sur l'informité de sa base.

Ne cherchez pas le sens de cette phrase, le sens, pour quoi faire? Cherchez-vous une recette afin de cuisiner votre futur sentiment? Vous le vivrez, mais le sentiment n'est pas le produit de la recette, car l'application même de celle-ci est le sillon sensible du sentiment. Ridicule, abjecte: ne pouvons-nous garder que la sensation intime d'un rythme, comme une béquille sur laquelle caler son souffle et continuer le mouvement que d'insondables causes ont provoquées.

Je suis là, comme un déferlement de vague indéniable, façonné par les regards du monde dont je fais partie. Change-forme aux indéfinies facettes, faites jouer sur moi vos reflets miroitants, que mes formes étincellent de diamants colorés, qu'elles se rendent opaques, comme tamisées par l'abat-jour de la chair qui fait briller notre lumière toujours plus loin vers l'intérieur. Précisément là où la lisière de l'intériorité se confond avec les franges du dehors. Précisément là, en cet endroit de la relativité, c'est à dire précisément partout.

Artisan de phénomènes, forme transcendantale, source d'univers, mathématicien et artiste, musicien joué par ses airs, airelle vermeille, oiseau aux ailes déployées, reflet changeant et versatile, poisson fuyant dans les fleuves du temps, étincelle de vie, bruissement du vent et des choses éparses...

Petite trille avalée par des silences qui ne veulent pas s'éteindre parce qu'ils n'existent qu'entre les mots et les sons qui ne cessent point. Délinéation incandescente d'énergie pure, sans trop savoir ce qu'est la pureté... Mots jetés là et qui retombent sur la papier, inertes et disgracieux, fanés d'avoir été coupés, n'attendant que de pouvoir boire l'imagination des dieux. Démiurges. Démiurges déments qui se cherchent des raisons sans fin, oubliant qu'une méthode est un principe inépuisable.

Principes amnésiques, nous rappellerons-nous un jour - qu'il n'y a rien à se rappeler?

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