lundi 18 août 2014

De plus en plus loin

Tous les matins à 6h00 le réveil sonne
Je me lève du lit ma nuit encore inachevée
Telle une ombre je file m'enfermer dans la cuisine
Sans un bruit pour que ma femme n'entende pas mon existence
Je prépare mon café
Le boire sera mon quart d'heure de tranquillité
Je range et nettoie la table
Sors un bol pour celle qui partage ma vie
Toujours sans bruit je vais dans la douche
L'eau sur mon corps me réveille:
Cinq minutes de bien-être.
J'enfile les vêtements préparés la veille qui m'attendent sur une chaise
Je sors enfin dans la ville qui s'éveille d'une vie grouillante
Transports en commun, discrétion, ne pas déranger les autres
Travail, adaptation, se conformer aux attentes.
Pause déjeuner, bavardages ineptes, bienséance et lassitude.
Travail, enchaînement de tâches auxquelles je suis étranger,
Pour lesquelles je me fais l'outil générique ad hoc.
Débauche et transports,
Retour à la maison
Patience, il faut écouter madame raconter sa journée,
Passer du temps avec elle, lui donner de l'attention,
De la vie, toujours de la vie qui s'écoule hors de soi.
Envie de boire une bière
Mais promesse de ne plus jamais boire,
Promesse d'être toujours là où on m'attend,
De la manière dont on m'attend,
Promesse d'être une image, sage comme une image.
Il y a pire, je pourrais mourir sur le trottoir,
Être en mauvaise santé et invalide.
Il y a toujours pire.
J'avais envie de tranquillité, de temps pour méditer et de calme loin du monde.
Autant de rêves qui s'effondrent en moi quotidiennement,
Je suis un rouage, une pièce fonctionnelle dont les autres se servent.
J'ai envie de partir, à chaque instant, mais ne peut me résoudre à le faire.
Quelque chose en moi, peut-être est-ce la totalité de mon être
S'en va pourtant loin d'ici, quitte ces attentes et ces volontés gloutonnes,
Quelque chose en moi s'en va loin de moi:
Je me regarde vivre de plus en plus loin.

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