vendredi 10 mai 2013

D'une étoile

Que puis-je faire d'autre que continuer ma route,
Avec le rail parallèle, cloué à mon destin?
Et combien de rails s'acheminent dans cette direction,
Vers une humanité nouvelle qui se presse dans l'existence?

Je n'ai jamais vraiment su ce qu'était la vie
Et pourtant c'est bien l'activité que je ne cesse d'exercer depuis la naissance.
Je respire, puis expire, je m'insurge et admire,
J'aime et j'apprends à ne plus détester.

Mais qu'est cette chose qui respire et regarde le monde se faire sous ses yeux,
Observe sa propre présence advenir malgré elle, toujours en retard,
Le retard est une part de l'identité humaine,
Toujours tournée vers son passé, vers ce qui lui échappe par le futur.

Et tout se synchronise pourtant dans une sorte d'harmonie
Une harmonie de chaque instant, synchronique et qui s'étire dans l'histoire.
Quelle est donc cette histoire que nous écrivons malgré nous?
Quel est donc ce présent qui se crée sans cesse, immédiat et toujours absolu?

Malgré cette nouveauté incessante, se dessine un processus avec ses habitudes,
Ses routes favorites qui tracent un sillon dans la réalité, qui fondent la fiction d'une causalité.
Evoluons-nous sur un rythme trop serré, trop compact pour que chaque évènement impromptu
De cette narration immense, nous apparaisse enfin dans toute sa clarté, nous montre sa structure?

Que fait l'humain dans ses champs de béton, dans ses agglomérations d'empressement,
Toujours pressant de son prochain le jus nécessaire à la production du mouvement;
Si essentiel à tout semblant de liberté qui voudrait s'ériger contre l'entropie grandissante.
Les morts sont la règle, ils s'homogénéisent en elle, nous sommes les exceptions, la mesure de la vie.

De quel chaos peuvent naître ces pensées qui s'échappent de mes clôtures?
Et ces clôtures sont-elles réelles ou fictives, me protègent-elles du reste du monde?
Dans quel bouillonnement interne, de quel autre ordre surgit la règle que nous incarnons?
Nous sommes une modalité de l'être, peut-être une expression de lui, quelques éclats enfuis.

Lorsque je voudrais m'arrêter d'écrire, en moi les pensées continuent,
Il y a une régularité effrayante à la vie, à ce qui vient à être,
Mais peut-on imaginer autre chose, y a-t-il seulement de la place pour un néant possible?
Jamais la lumière ne s'éteint et de chaque fenêtre humaine s'échappe une certaine lueur, selon une certaine tonalité.

L'être est infini, sommes-nous conduit à croire, mais de quel droit parlons-nous de ce qui nous fait?
Je finis mon échappée, je sens l'agitation retomber, le verbe ralentir,
Je cherche, comme beaucoup, une fin, une chute à tout cela,
Et comme toujours c'est la ponctuation qui me l'offre, le langage qui se tait.

Pourtant, lorsque toute parole cesse, et toute lecture (qui n'est au fond qu'une parole subjective),
Quelque chose demeure, quelque chose qui n'est pas rien;
Au contraire, il semblerait que ce quelque chose soit tout ce qui ai jamais été et ce qui est.
Mais qu'en est-il de tout ce qui sera, y a-t-il une réalité présente pour le futur qui nous attend?

Pourquoi ne puis-je me taire, quelle est donc cette angoisse qui m'étreint lorsque je suis muet?
Quelle raison me pousse à désirer si fort vivre avec les mots?
Sont-ils, au fond, une manière privilégié d'être là, de se trouver ensemble dans nos solitudes?
Parlons encore, parlons toujours, s'il vous plaît, afin que le silence existe.

Je n'accepte d'être ici que parce que vous y êtes aussi,
Les mots que j'emploie sont votre présence, ils sont notre mémoire collective,
Et les aimer beaucoup, c'est aussi une façon de vous aimer un peu,
Timidement, peut-être un peu trop vite, du coeur de mon étoile filante.

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