vendredi 16 septembre 2011

Ici et jamais

Le changement... Le changement c'est le présent qui ferme la porte au passé, c'est l'avenir qui balaie devant sa porte. Mes rêves d'inertie m'opposent au changement, moi qui était bien assis, je suis déraciné par l'actualité de ce monde sans cesse renouvelée.

On peut bien trop diviser le temps à mon goût pour que j'y trouve une quelconque attraction, je préfère m'en aller hors de tout dans un intervalle particulier où tout est entier et monolithique. Dans ma dernière représentation, je me décale hors de la scène, en coulisse, là où les dieux actionnent la manivelle, là où l'illusion naît de l'obscurité.

Homme révolté, refusant le cycle sociétal bien trop parfait en comparaison des saisons, je me fige dans l'immobilité du non sens, dans l'absurde camusien. Embarqué malgré moi sur la chaîne du temps, je tente désespérément d'en bloquer le mécanisme, de m'accrocher au néant.

De mon acte est naît une autre réalité, celle d'un temps plus lent, d'un temps sans presque aucun changement, le temps du maintenant et du rien, surtout du rien. Le temps du refus qui coule non pas à contre-courant de l'acceptation, mais en parallèle, comme un compagnon de route, un frère jumeau qu'on voudrait cacher.

Et dans ma sphère j'observe, j'observe ceux qui disent oui, ou plutôt qui ne disent rien mais n'en consentent pas moins à ce viol de leur existence, à ce décor façonné par d'autres et qu'on nomme "la vie". Moi? Je suis à côté, bien en place, compact et dense, accroché à mon fragment d'anti-éternité, examinant l'envers du décor et sa laideur industrielle.

Ici, pourtant, je ne vois aucun dieu, pas un même un simple machiniste affairé à ses rouages, pas de grand horloger, rien de tout ça. Il n'y a rien que l'automatisme lancé dans un cycle éternel de succession de tâches simples et sans surprises. Il n'y a pas d'artisanat dans ce monde, rien que le vide absolu des automates répétant sans cesse leur inhumanité.

Alors c'est ainsi... Il me faudra tout casser, pour percevoir enfin l'univers originel interdit aux humains par on ne sait quel décret promulgué par on ne sait quelle essence. Lentement alors, je sortirai de l'immobilité pour regarder en face le néant étincelant qui d'un dévoilement soudain me fera perdre la vue, me fera perdre la vie pour me prendre avec lui, ici et jamais.

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