jeudi 3 mars 2016

Temporalité de la volonté

Tout ce que l'on veut avec suffisamment d'ardeur advient. Autrement dit, la volonté est une configuration proposée par le rêveur à laquelle se conforme le réel (qui est puissance) en s'y déterminant par un phénomène actuel.

Ce constat n'a rien de très scientifique, en tout cas la méthode qui l'a produit. J'observe simplement que tout ce que j'ai pu sincèrement vouloir, avec force, s'est réalisé au cours de ma vie. Oh non par une mystérieuse intervention extérieure, mais par un non moins mystérieux processus qui a fait de moi la chose correspondante à mon désir. C'est un long accouchement, il se compte en années, à tel point qu'on en oublie parfois à quel degré un jour, nous avions souhaité être là où nous en sommes.

Ainsi la volonté est un phénomène mondain et qui produit donc ses effets dans le champ de l'objectivité. Et tout cela requiert un certain temps de maturation et suppose ainsi la même constance chez le rêveur que chez le jardinier qui patiemment couve et appelle.

Sachant cela depuis un moment déjà, je lis maintenant qu'il en va de même avec la croyance; et quelque chose en moi qui relève de l'instinct me susurre qu'il en est bien ainsi. Pourtant, malgré cela, je doute.

Je n'arrive pas à croire que les croyances structurent et ordonnent l'informe néant du réel. Et mon monde, constamment se présente sous cette configuration trouble par rapport aux croyances, chaque évènement s'inscrivant dans un réseau causal toujours duplice, insaisissable, équivoque. Mon monde laisse la place à la possibilité que les croyances soient une force matricielle pour son émergence tout comme il laisse des indices qui sans cesse annulent cette possibilité même.

Peut-être un jour aurais-je la volonté de lui donner une réponse à ce sujet, c'est à dire une loi.

Et quelles merveilleuses possibilités s'offriraient alors...

Un monde, déterminé par les croyances...

Je médite cette idée et me sens chuter vertigineusement face au constat de ma responsabilité dans ce présent qui me pèse, pour tout ce que je crois désirer autre dans ma vie, et qui, pourtant, ne fait que me montrer la forme de mes désirs profonds.

Ainsi je m'interroge: connaissons-nous toujours nos désirs? Les assumons-nous? Les aimons-nous toujours?