dimanche 28 février 2016

Impuissance et ennui

Aujourd'hui le présent est bien long, s'étire, atone et monochrome, en un long rêve que l'on nomme réalité. Je m'y ennuie, dès lors je me vautre dans les souvenirs anciens, comme on se blottirait au fond de draps bien chauds, à enchaîner les siestes. Mais chaque sieste plutôt que de me redonner des forces m'ôte une part de ma vitalité, un pan des choses que j'aurais du faire.

Présence qui glisse et ondule sur le sol du néant, présent où me mènes-tu et pourquoi t'acharnes-tu à me faire revisiter ces vieux sentiments qui feraient mieux de rester rangés au fond des rayonnages de ma mémoire?

J'aspire à tant que je ne saurais comprendre pourquoi je fais si peu. Peu est un grand mot pour le rien dont je suis l'auteur. Rien, seulement des secondes perdues et qui se perlent en heures silencieuses et mornes.

Calme et silence... Comme le sommeil.

Me voilà qui réalise à quel point le sommeil est vital. Je suis enjoint à dormir, pourquoi m'y refuserais-je donc?

Calme et silence, comme le sommeil dans lequel je ne veux pas sombrer, comme un sommeil que la conscience gâcherait.

Ma vie s'endort mais je reste désespérément conscient. Avec une sévère érection de toute l'âme qui se dresse contre le destin et veut violer la vie de toutes ses forces, bien maigres cependant. De cette pitoyable étreinte il ne restera que cela: ce petit enfant sans prétention et sans grandes possibilité, cet être sans puissance, consumé entièrement dans sa propre naissance.