lundi 1 février 2016

L'éternel carrefour

Lorsqu'il m'arrive de courir en un lieu inconnu, si je rencontre un carrefour aux divers chemins possibles, mon être se divise et je commence à tergiverser quant au chemin à prendre. À demi convaincu je m'élance sur l'un deux tout en maudissant mon ignorance des autres. À un moment, cette incertitude finit par trop peser pour que je puisse continuer, je fais alors demi-tour pour m'aventurer sur un autre chemin. Ce petit cinéma peut se répéter et durer jusqu'à ce que je finisse par avoir choisi partiellement l'intégralité des possibles offerts au choix.

Ma vie toute entière est un peu à l'image de cette anecdote. Mon esprit se divise en chaque choix et veut éprouver l'expérience de chacun d'eux afin de n'avoir nul regret et nul doute.

Mais qu'est-ce là ce comportement pour le sceptique baignant dans le doute que je suis? Pourquoi, lorsqu'il me faut penser je n'ai nulle crainte, nul attachement, et lorsqu'il me faut vivre, je vois mes gestes motivés par la crainte du deuil et de la perte?

Ce trait de caractère est tellement bien ancré en moi que j'ai fait de ma vie un carrefour perpétuel, l'éternel recommencement de choix possibles qui croisent la voie de mon inertie. Pourtant, faisant cela, je suis engagé sur un sillon, mais un sillon auquel je n'attache pas d'importance, un sillon dépouillé de caractéristique réelle si ce n'est celle d'être le fondement nécessaire d'autres choix. Ainsi mon chemin n'existe que pour que puissent surgir les autres.

Mais, à bien y réfléchir, cela doit être possible pour chaque chemin emprunté, tout cela n'est que point de vue.

De quelle étrange illusion suis-je donc la victime?

La seule réponse qui me vient est celle-ci: ma voie est celle du dépouillement, celle où personne ne va, ainsi je peux cheminer seul, sans la crainte de décevoir les liens d'autrui, ses espoirs quant à la route que nous parcourons pour un temps ensemble.