vendredi 29 janvier 2016

Professer: habitude compulsive

Les gens lorsqu'ils lisent l'expression d'un malaise (qu'elle soit ou non artistique) veulent toujours prodiguer à l'auteur une leçon censée lui montrer comment ce mal-être est infondé et évitable. Les gens souhaitent montrer ainsi qu'ils savent, qu'ils ont eux aussi traversé vos souffrances et ont su les vaincre.

Cette façon de faire relève de la même habitude compulsive que celle du philosophe qui désire aplanir le monde, le polir à son image, c'est à dire faire de la méthode de synthèse qui unifie pour lui un monde LA méthode, LA loi du réel lui-même.

C'est une tendance semble-t-il naturelle (or la culture est naturelle) que de vouloir se faire le diapason d'autrui dès lors que nous pensons avoir compris quelque chose.

Mais c'est aussi violent et inepte que de dire à un musicien qui jouerait du jazz qu'il a tort et se trompe de style, et qu'en y réfléchissant bien, n'importe qui devrait pouvoir comprendre qu'il faut jouer du classique.

Bien sûr, ce texte constitue la preuve éclatante que j'échappe totalement à ce curieux trait humain...