De toi ma princesse il ne reste plus que des mots. Les miens qui te peignent en silence, esquisse imprécise dans mon esprit de lecteur. À quoi bon me fatiguer à saisir l'absolu quand je sais la chose perdue d'avance. Moi qui t'ais au plus profond de mes propres atomes, je dois me préparer pour le jour honni où d'une erreur impardonnable, je te perdrai dans les couloirs du temps. Ainsi, je pourrai toujours te lire, telle que ma plume grossière a voulu t'emprisonner toi qui réside dans les airs. Lorsque je serai seul, à deux doigts de mourir, je relirai sans cesse ce portrait de toi à en devenir fou, à en devenir mort, si seulement... Je te lirai toujours, te ravivant sans cesse, oubliant que le froid de la mort vient se frotter à moi. Je soufflerai sans cesse sur les braises de ces mots intemporels jusqu'au dernier souffle de mon âme, jusqu'à ma dernière pensée.
À la fin de tout ça, je ne serai pas mort pour rien non. En te recréant sans cesse malgré la médiocrité de mes mots, c'est ta consistance retrouvée que j'incrustais dans la vie. En d'autres termes, je donnais ma vie pour la tienne. C'est ainsi que jusqu'à mon dernier souffle, mon dernier songe, tout mon être n'aura eu de cesse de dessiner ton coeur et tes membres autour. Les longs pinceaux aériens de tes jambes infinies, la finesse insensée de tes bras éthérés. Au final, tout, j'ai tout recrée au prix dérisoire de mes heures trop absurdes.
Si je venais à te perdre, tu ne me perdrais jamais...