Il n'y a pas qu'en soi que la maladie naturelle érode la substance: partout, dans le noyau des autres, est logé ce ver entropique rongeant à la source les lueurs qui chercheraient à naître d'âmes enclines à vivre. Les amis qui enfantent, ne le font qu'au prix de la plus grande déliquiscence: on les voit abdiquer devant tout ce qui s'érige et affirme contre l'érosion du temps. L'enfant devient le prétexte à abandoner les corps à la saleté et au pourissement, on laisse le monde nous engloutir et digérer sans plus avoir, au contraire, la force de l'assimiler. Donner la vie c'est aussi bien souvent la perdre, se tasser sur le tapis végétatif de sa nature, et voir mourir et s'user les jardins suspendus de toutes les Babel qu'on avait édifiées.
On peut manger, certes, mais d'une obésité morbide qui sédimente une à une les fractions de graisse où s'enkystent, bien abrités, la cohorte lyposoluble de toxines cancérigènes, arrosée d'un alcool qui devient le tuteur qui nous maintient debout. L'enfant dévore le quotidien, la toile patiemment ourdie, il incarne la vie qui croît à partir de sa source, par incorporation et dévitalisation des matrices originaires vouées à se dissoudre dans la flambée métabolique de son développement naissant.
J'ai cru mourir d'élever la vie mais ce que j'ai entrevu chez les autres de renoncement et de résignation, témoigne de la terrible puissance qui brûle encore en moi. Les sombres flammes de ma volonté sont encore capables de dévoration dévastatrice et si la vie s'élève et rampe sur mes rameaux, le tronc noueux de ma vaine existence concentre en lui la sourde densité d'une implosion stellaire.
Pousse germe: tu t'élèves sur ce glaive effilé qui veut planter le ciel et remplacer l'azur par le sang de la nuit -- pour y tracer, luminescentes, les formes d'une prose lactée.
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