Il faudrait pouvoir laisser s'envoler le temps en traversant l'espace toute sa vie. Comment le mouvement résout-il les problèmes du quotidien prosaïque? Je n'en sais rien...
Le voyage est une parenthèse entre deux étants, deux endroits où il faut exister malgré soi. Mon mode d'existence, c'est cet entre-deux, ce temps et cet espace étirés dans lesquels réside celui qui va, qui file d'une prison à une autre.
Qui a la chance de voyager de nuit peut presque connaître le bonheur serein qu'il y a à disparaître dans le paysage, à s'enfoncer dans l'oubli du passif. Être fait et ne plus avoir à faire semblant d'être maître de son devenir. Voyager de nuit en passager du vent c'est un peu être Dieu, être témoin de tout et cause de rien. C'est avoir la puissance d'échapper aux lois topiques, de traverser la nécessité pour s'en créer une autre, c'est déchirer le voile de l'habitude, c'est rendre possible.
Vivre virtuellement c'est vivre absolument.
Je peux traverser la nuit comme cela, sans qu'elle ne m'atteigne vraiment, je peux m'y creuser un passage et sortir à la lumière d'un jour nouveau, d'un jour d'ailleurs où devenir est vraiment différer et non plus une évolution du même.
Ne plus avoir personne qui croit en vous, c'est pouvoir être tout.