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dimanche 31 mai 2020

Le poète du 21ème siècle

Être à contre-courant de tous, et même de ses propres eaux. Les quelques gens qui lisent ne s'intéressent pas à Poésie.

Lire, d'une autre manière, écrire à la façon des dieux, d'un mouvement d'humeur d'où jaillissent des mondes.

Être seul sur son chemin.

Être synthétique et savoir dire beaucoup en peu de mots.

N'être lu par personne. Détenir un art oublié que presque plus personne ne sait goûter.

Ne pas savoir à quelle maison d'édition envoyer ses poèmes, parce que la poésie n'est plus qu'un cadavre maintenu sur ses jambes par les fils plus solides de la "véritable littérature", celle du siècle, celle qui rapporte, celle du divertissement, celle des durées longues. Les gens ne savent plus se connecter au divin, il faut le leur servir dilué...

Être anachronique et rêver d'époques pas si lointaines où notre fonction servait encore à quelque chose, pour quelques uns.

Se répéter chaque jour que l'on est pas plus futile que les autres, et que l'on a nous aussi un destin...

Être seul sur son chemin.

Être un inconnu, incompréhensible.

Être un marginal sans case bien à lui, perdu dans le fatras de ceux dont on a point l'utilité.

Être toujours à deux doigts de la dissolution: dans les sucs digestifs de Dame Société, et dans l'abîme au fond de soi.

Tendre des voiles fatiguées, percées d'infinis, qui font pâle figure mais néanmoins capable de rallier entre eux les distants univers.

Être seul. Toujours, seul.

Être rien. Le glissement d'une plume dans la mansarde oubliée, le bavassement d'une âme en rimes ressassées.

Être seul sur son chemin.

Attendre la mort comme seule reconnaissance.