Montre-moi l'être exceptionnel que tu es dans ces moment passés avec toi-même. Montre-toi à moi comme l'arbre que tu es aux racines anciennes et plus profondes que tous les centres de chaque Terre. Montre-moi ces branches sinueuses qui s'avancent prudentes et impétueuses vers la lumière des cieux et les lueurs de l'éther. Je veux voir comment chutent tes feuilles au gré du temps qui passe, et jusqu'où s'étend ton ombre sur cet inconnaissable monde que nous pensons sentir.
Je t'attends de mon noyau d'inexistence, dans le non-espace sec de ma source humide, et mes élans caressent ta frondaison dont les lueurs se laissent transporter par l'air; vers cet ici qui n'est ni là ni nulle part; de là où je suis le témoin inexistant de toute existence, y compris de la mienne qui n'est qu'un objet sur lequel je prends des points de vue.
Je pars à ta rencontre noyau de singularité, je m'en vais vers toi de toute mon immobilité, par la force incommensurable et virtuelle d'une volonté réelle, sans que le monde extérieur la reconnaisse pour autant.
Montre-toi reflet fuyant auquel je voudrais me marier; car en te retrouvant, peut-être pourrais-je enfin, éteindre ma lumière et ne plus voir l'abîme qui me sépare de moi.