Problème: la physique quantique nous a montré que l'observation du monde influait sur lui de telle manière que celui-ci semble collaborer avec nous pour se présenter en conformité avec les modalités de notre observation. Autrement dit, la réalité semble s'adapter aux choix que lui offrent les moyens d'observations (dispositifs) que nous mettons en oeuvre pour l'étudier. Mais si une telle ontologie est avérée, ne faut-il pas supposer deux niveaux d'objecité: un niveau ontique pure dans lequel l'être est un inconnu absolu et la seule proposition que nous pouvons émettre à son sujet est tautologique: l'être est. Autrement dit l'être est confondu (en tout cas consubstantiel) avec le principe d'identité. Ensuite un niveau épistémique d'objectité que l'on pourrait nommer monde: c'est le monde tel que nous le percevons, tel que la science le décrit de manière objective (au sens kantien), c'est à dire phénoménologique. Ce niveau d'objectité est inobservable directement, seule la science peut nous le figurer, il semble régi par les mathématiques et observable seulement par les instruments, dont nous ne sommes que des interprètes. Pourquoi s'embarrasser d'un tel niveau d'objectité, au lieu de postuler la seule existence de l'ontique indéterminée et inconnue?
Hypothèse: car il semble possible que d'autres espèces ou systèmes possédant des structures a priori totalement différentes des nôtres, puissent évoluer dans un monde sensiblement différent. Toutefois cela reste une hypothèse hautement spéculative et étayée par aucun fait empirique, qui n'est par conséquent postulée que sur la base d'intuitions. On notera toutefois une hypothèse identique chez Spinoza (la substance possède probablement une infinité d'attributs dont nous ne connaissons que l'étendue et la pensée), ainsi que chez Kant chez qui coexistent la chose en soi et l'objectif que constitue l'objet transcendantal (monde des phénomènes tel que nous le concevons par nos structures a priori).