Je dors en des chemins furieux faisant plus de vacarme qu'un train silencieux.
Du fond d'un trou qui n'est contenu dans rien, j'implore et pense à toi, et lance des "reviens" que nul n'entendra.
Certains doivent attendre des millions d'années pour vivre en bien des formes, je réalise en une vie le bruissement diffus d'innombrables destins.
De cet élan qui se rebrousse je pense à toi, et je recule à chaque pas vers toi.
Comment une déroute peut-elle être un si long sillon, serpentant sur diverses routes et malgré tout soudée au fond?
De ces figures dans les coursives de l'existence, je bats ton rythme comme la peau d'un tambour.
Chaque forme nous déforme un peu et dans chaque homme dansent mille JE.
Regarde comme en ma dispersion ramassée je me fais de ta face un fidèle reflet.
Les avions en haut rayent le ciel, comme les barreaux sociaux qui retiennent mes ailes.
Mais tout ce qui retient soutient aussi, je sais que chaque mur est un parterre possible.
Dans ma tête inversée, et bientôt sans rapport, s'apaise la volonté et le goût de l'effort.
Ce point qui s'ouvre sur l'univers autant qu'il se ferme sur lui, c'est mon âme au fond du destin, aux couleurs de ta nuit.
Du tapis tressés de voix que je suis, je te deviens, néant, sombre source qui luit.