mardi 4 novembre 2014

Le cycle des nuits

Je suis un meurtrier aux mains entachées de lumières
J'ai tué dans ma vie tant d'aurores et de prières
Que chaque jours de l'humanité
Ne sauraient les compter

Des destins étranglés au petit jour
Et des futurs muets depuis toujours

Regardez les possibles qui se pressent
Dans mon présent qui de gonfler ne cesse

Un merveilleux suicide au bout de tel détours
Une gloire factice au confort de velours
Un mariage peut-être, et pourquoi pas l'amour
La solitude au bout de chaque pas
Le désert comme église à ciel ouvert
Ou bien la ville et son regard pervers

Rien autre que l'indéterminé
Opaque et sans éclat
Car le futur pour moi
N'est qu'un terrain miné

La Femme, sur chaque dos et dans chaque chevelure
Mes désirs piratés par sa crinière et cette folle allure
Elle aussi est un matin qui reste endormi
Coincé dans les draps ourlés par un mauvais génie

Et ce quelque chose de la vie qui ne cesse de marcher
Avec son rythme et son tempo qui veut tout arracher
Force l'instant sur le suivant à se pencher
Et mon coeur indécent à trop vouloir s'épancher

L'aurore, toujours comme une promesse murmurée
L'erreur que mon coeur ne m'aura jamais pardonné
L'aurore, tragique bonheur qui souhaite m'éviter
Et fait de ma nuit l'insoutenable vérité

Tant pis, mon coeur presse en lui
Tous les matins du monde
Mon coeur cette sonde
Qui retient le futur enfoui

Et me fait vivre dans chaque instant
Mille autres vies que la mienne
Prend les pensées d'autres gens
Et les retient dans ma peine

J'aurais connu tous les chemins
Sans même en emprunter un seul
Et reconnait tout lendemain
Comme un morceau de mon linceul

Pourtant, dans cette richesse inouïe
Il m'arrive bien étrangement
De regretter certaines nuits
Où sur la rive tu m'attendais sagement