mercredi 7 mars 2012

Rongé par les vers

Ma seule manière de faire briller la poésie est de singer le passé. Et j'ai pour seul résultat ce désespérant et prosaïque anachronisme versificateur. Il faut bien se rendre à l'évidence, mon âme ne s'illumine que dans la prose; c'est un peu ma façon d'être poétique tout en étant moi. C'est dans ce paradoxe que doit résider ma beauté, dans cette laideur banale dont se compose ma substance. Au fond ce sont bien les autres qui m'inspirent la beauté, je crois que sans eux je n'aurais jamais crée. Comment initier une entreprise esthétique lorsqu'on ne voit que cette, trop réaliste, fade perspective de soi-même. Je pense que ce sont eux qui m'ont fait un jour entendre cette harmonie de ce que je croyais sans saveur: le banal, l'ennui et le commun. Il y a un rythme propre à chaque être et ils m'ont fait entrevoir le mien, je m'en approche et le deviens.

"Deviens ce que tu es" disent-ils à ceux qui les écoutent. Il aura fallu bien du silence pour que j'écoute enfin...

Depuis, je traîne ma musique, la transformant sans cesse vers une actualisation de ma personne. Je m'efforce de tracer une route de moi à moi-même, et finalement, je suis partout, entre là-bas et ici. Mieux! Bien mieux mes amis, ainsi je suis partout et à venir.