mardi 10 septembre 2019

Le silence du monde

-Je ne sais pas...
-Je ne sais pas quoi?
-Je ne sais pas... Je ne sais rien. Je ne sais vraiment pas...
-Mais il n'y a rien à savoir.
-Toutes ces questions auxquelles je suis incapable de répondre, pour lesquelles je n'ai pas même l'once du début d'un commencement de réponse...
-Toutes ces questions n'existent pas. Il n'y a pas de question, par conséquent nulle réponse.

Le silence fait jouer sa musique, un silence sans durée, sans mesure.

-C'est un peu artificiel et spécieux comme façon de procéder non? N'est-ce pas une façon bien lâche de résoudre les problèmes?
-Ni plus ni moins que l'acte d'en poser. Sans question il n'y a plus de réponse. L'interrogation crée la tension, l'attente d'un ailleurs et par cet acte rend le présent inconfortable.
-Mais ces questions jaillissent sans mon consentement, elles semblent pleuvoir sur moi comme une bruine qui menace à tout instant de se transformer en torrent...
-Sont-elles un objet extérieurement réel et qui s'impose à toi?

Le silence glisse, feutré, sans marque.

-Observe les questions sans te sentir visé par elles. Le questionnement est comme la douleur. Cette dernière est l'attente d'autre chose, d'un présent dépourvu d'elle mais dès lors qu'on prend la douleur comme donnée éternelle ou atemporelle, comme un présent inévitable, alors la douleur n'est plus douleur, elle n'est que sensation parmi d'autres sensations. Observe tes interrogations sans espoir, en oubliant même jusqu'au concept de réponse.

Le silence, partout, omniprésent, presque absolu; abolissant tout sur son passage, jusqu'à la trace même des paroles qui l'ont précédé. De tous temps le silence du monde.

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