vendredi 17 septembre 2021

[ MADRUGADA ] Le monde sous la terre


 

 

Savais-tu qu'il existe des bleus, oh des bleus infinis, dépourvus de noms et par là ignorés de nous?

Des bleus de la pluie aux bleus de la peau, tessiture de la nuit. Bleu cent mille volts à travers mes synapses, univers impossible, bleu jusque dans dans les fusibles, et quand tout cela pète, mauvais bleus sur la tête, tesson couleur marine.

Même les usines ont des ronrons de bruine entre un gris bleu de galets rond et l'anthracite des métaux. Bleu jusque dans les échos, le temps d'ici donne des coups, et le soir dans les bars, c'est l'âme en blue. On boit tous alignés dans des grands verres percés des gorgées d'âme en blue.

Blue note, en guise de parasol, cocktail enflammé pour brûler l'estomac, certains y voient le lieu de l'âme, passons ça au napalm.

La pluie battante emporte mes idées dans des affluents de grandeur qui lèchent un caniveau. C'est comme ça qu'on existe! Petit joueur de flûte... C'est comme ça qu'on charrie sa cohorte de rats, son petit paquet d'heures vers le rideau final. Radeau fatal en arpège mineur.

La Terre est bleue, partout, orbite aqueuse qui danse autour du feu, ma colonie de notes, bleues -- toujours ces notes ont été bleues; ma colonie honnie, je t'emmène à la mer, ouvre les yeux sous l'eau, contemple la lumière, avale tes prières, chuuut, C'est comme ça qu'on vit... Ou qu'on existe, ou qu'on dérive, ou qu'on erre sans air dans les bleus de l'amer; oh pourvu que soit bleu le monde sous la terre...


Ce texte appartient à un recueil intitulé Madrugada, tiré du groupe éponyme dont il est la transcription poétique d'une chanson intitulée "Vocal". Ceci est ma tentative de traduire en ma propre temporalité la forme du temps que divers morceaux d'un groupe ont pu me faire être.

 


 

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