Mêlons, allons! le sang impur
Qui va tambour battant par les tempes d'azur
Versons le lait velours carmin
La pureté, déjà, s'éteint...
Voyez les vers au firmament
Que contingentes alluvions
Sur leurs pattes dressées
Adressent au froid néant
Et tout cela pour rien ma reine
Le froid déjà partout éteint
La braise qui crépite
Les flammes qui s'élèvent
Le foyer sans lueur
Qu'a fui le Dieu menteur
Mais c'est tout autre chose que je voulais te dire
Un message innocent, parfum de mon bouquet
Dont la rose écimée a du mal à s'ouvrir
Tant pis j'appuie ma pulpe sur l'épine
Et ouvre le passage
À ma mémoire coupée:
C'était, je crois, le pli de ton sourire
Le sillon de tes reins
L'ombre sous tes paupières
Un récit familier
Le rayon de lumière
Qui donne un centre au vide.
Mais d'un coup tout revient
Je suis le messager honni
Au verbe hideux d'airain
Tout enrobé de miel
Le conte vespéral
Qu'on tisse au coin du lit
Pour coudre les enfants
Au tissu sidéral
Au bout de chaque chose
Une mort aurorale
Qui vient de ses doigts roses
Cueillir le dernier râle
Au bout de chaque dose
Un songe sépulcral
Qui pèse dans les roses
Le poids des pierres tombales
Et tout cela roule au bas des collines
Que des bras empressés portent aux cimes
Icare, Sisyphe, portraits de finitude
Il faut bien affronter l'ultime turpitude
Se fondre en la durée
Dissoudre les caillots de temps
Que fige Éternité
Se farder de printemps
S'offrir, souffrir
Et tout haut affirmer
Ce rêve d'exister
Que savons-nous au fond du reste
À part nos quelques hypothèses
De vains fantasmes et le doux zeste
D'espoirs faisant prothèse
Presse ton ombre sous le ciel
Et danse à t'en rendre vertige
L'âme est si belle sous le déluge
Qui la refait tout immortelle
Efface l'ombre au bout du ciel
Et masque cet anxieux visage
Ton drame est une comédie
Le monde ton sublime autel