mercredi 19 mars 2025

Croque-mort

Qu'est-ce que cela fait donc

D'être de l'autre côté?

Celui dont on saisit les pieds?

 

Qu'on dépose en silence

En un contreplaqué,

Sans plus voir autour de soi

Les larmes des vivants

(Qui jonchent les cimetières

De liquides monades) ?

 

Oh la dégringolade

Des années qui se pressent

Se chevauchent et s'entremêlent

Dans un regard, une odeur, un regret.

 

Il faut combattre seul

(Avec d'autres),

Le mal dévorant de ce siècle.

 

À quoi servent les croyances?

Pourquoi se détourner du doute?

Que tout cela n'aura été pour rien,

Un interlude musicale et gratuit

Entre deux colosses, invincibles.

 

Et si vous pouvez contempler

D'une hauteur fantasmée

L'écheveau des destins

Que nos déroutes composent,

 

Quelle curieuse poésie alors

Que cette improbable prose.

 

Il faut bien mettre des cloisons

À l'infini sans direction

Donner un sens

Et feindre qu'il fût là

Déposé par le temps.

 

Quelle aventure tout de même...

Et apprend-on de ces erreurs

Où il n'y a plus de vérité?

Est-il encore possible d'éprouver

Un sentiment tel le regret?

 

Oh non, ce  ne doit être

Qu'une errance des vivants,

De ceux qui cherchent encore

Un principe à ce qui s'y dérobe,

Et s'acharnent à enclore

Ce qui n'a pas de forme;

Et qui hurle en tous sens

Une essence dynamique.

 

Il y eût tout de même quelques joies

Mais aussi tant de peines...

Et la somme était nulle

Bien qu'il soit toujours possible

À tout un chacun

De se dire le contraire.

 

Nous continuerons de mentir

À travers un souvenir

Déraisonnablement enjolivé

Qui permet aux carcasses

De réduire la distance

Entre là et Ailleurs.

 

Tout ici, de toute façon

N'aura été qu'un songe

Alors ne pleurons pas tant

Ceux qui sont réveillés.

 

La vieille église sonne les cloches

Et dans un drap bon marché

Vous avez levé le voile

Évohé! Évohé!

Origines abolies,

J'aimerais tant savoir

Ce qui dès aujourd'hui

Est pour vous être là.

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