Où sont fleurs et grands arbres
Et ces sourires qui vous désarment
Je n'ai qu'un pré gris et macabre
À iriser de mille larmes
Le quotidien s'avance vite parmi les champs ébouriffés
La mort est si subite et le monde imparfait
Ciel mes secondes! Me les a-t-on volées?
Cette joie qui abonde où s'en est-elle allée?
Sur mon feuillet d'horaires mon esprit succombe
Chaque jour un enfer qui dessine ma tombe
Mes poèmes sont des arbres en automne
Qui s'effeuillent et s'assèchent du train-train monotone
Et ma jeunesse qui voudrait s'enfuir
Au sein de mon passé pour enfin resurgir
Si tu t'en vas que me reste-t-il?
Seule l'odieuse angoisse de ces gestes futiles?
Revenez éclats de tendresse et volonté naïve
C'est à vos côtés que je veux ma dérive
Hélas nécessité tient tout cela dans la creux de sa main
Si féroce et si ferme qu'elle a dompté demain
Sur le tableau du temps effacé les chemins
Pour que résonne en elle ma complainte d'humain
Malheurs et pleurs, tout venin ton nectar
Et tu fais de mes peurs, ton sublime étendard
Mais peut-être qu'un jour je pourrais te chanter
Un bel ode à l'amour, d'autres tonalités
Si tu dévies ton cours et me rend mes possibles
Je me ferais velours et te rendrais sensible
Je vois bien que Destin n'acceptera jamais
De quitter tragédie qui l'a si bien charmé
Je suis vaincu, je renonce à changer
Ce que les Moires ont de leurs mains tissé
Au fond c'est bien vrai, y a-t-il plus sublime
Que les sursauts tragiques d'un destin qui s'abîme